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Retour sur la planète Bohème

Paris
Opéra Bastille
05/02/2023 -  et 5*, 8, 11, 14, 17, 20, 23, 26, 30 mai, 1er, 4 juin 2023
Giacomo Puccini : La bohème
Ailyn Pérez (Mimi), Slávka Zámecníková (Musetta), Joshua Guerrero (Rodolfo), Andrzej Filónczyk (Marcello), Simone del Savio (Schaunard), Gianluca Buratto (Colline), Franck Leguerinel (Alcindoro), Luca Sannai (Parpignol), Bernard Arietta (Sergente dei doganari), Pierpaolo Palloni (Un doganiere), Paolo Bondi (Un venditore ambulante)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœurs d’enfants de l’Opéra national de Paris, Ching‑Lien Wu (cheffe des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Michele Mariotti (direction musicale)
Claus Guth (mise en scène), Etienne Pluss (décors), Eva Dessecker (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Arian Andiel (vidéo), Teresa Rotemberg (chorégraphie), Yvonne Gebauer (dramaturgie)


A. Pérez, J. Guerrero (© Guergana Damianova)


Cosmonaute enfermé dans un vaisseau spatial en perdition, conscient de vivre ses dernières heures, Rodolphe rédige son journal et revit, avec ses compagnons, les moments plus ou moins heureux d’un passé à jamais disparu : quand cessera‑t‑on de nous faire le coup de la recherche du temps perdu ? La figure de Mimi l’obsède et accompagnera ses derniers instants, après un atterrissage forcé sur une planète inconnue. Voici revenue La Bohème curieusement revisitée en 2017 par Claus Guth, qu’on a connu plus inspiré, que ce soit par la trilogie Da Ponte à Salzbourg ou, plus récemment, par Il Viaggio Dante à Aix. La greffe ne prend jamais, le jeu des doubles ne fonctionne pas, la présence d’un M. Loyal ordonnateur de l’histoire qui passe par le cirque au début du dernier acte, n’ajoute rien. Quant à la dimension comique, elle échappe totalement au metteur en scène allemand, dont la production laborieuse et glaciale tue toute émotion. Quand la mort de Mimi ne vous remue pas, c’est que rien ne va plus.


Est‑ce pour cela que l’on a du mal à croire aux personnages de l’opéra ? Ils chantent bien cependant... sans aller au‑delà. Timbre charnu, tessiture homogène, médium nourri, Ailyn Pérez a des atouts, avec de beaux pianissimi, une ligne soignée. Il lui manque seulement les frémissements, la fragilité de la grisette phtisique devenue fantasme – on a l’impression de revoir sa Manon. Remarqué à Salzbourg dans Il tabarro, Joshua Guerrero affiche une voix solide, qu’on voudrait seulement un rien plus ensoleillée, robustement conduite, mais il devra affiner son phrasé et sa composition, Rodolphe assez monolithique pour l’instant. Andrzej Filónczyk porte beau en Marcel, par la voix et le chant, le Colline de Gianluca Buratto aussi, la Musette de Slávka Zámecníková, à défaut de sensualité, a du piquant mais pas d’acidité.


Une reprise standard. On s’est en tout cas laissé emporter par la direction vif argent de Michele Mariotti : à la différence de Gustavo Dudamel, dont la production avait marqué les débuts à Bastille, il a le sens de la continuité théâtrale. Mais alors que le Vénézuélien lovait l’orchestre dans des courbes capiteuses, l’Italien, plus anguleux, privilégie la netteté des contours et des couleurs, à l’opposé d’une certaine tradition « vériste ».



Didier van Moere

 

 

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