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Un récit coloré de la Genèse

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/20/2023 -  
Joseph Haydn : Die Schöpfung, Hob. XXI.2
Nikola Hillebrand (soprano), Marie‑George Monet (alto), Allan Clayton (ténor), Matthias Goerne (baryton)
Chœur de Radio France, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre national de France, Andrés Orozco‑Estrada (direction)


A. Orozco‑Estrada (© Martin Sigmund)


L’effectif n’est pas vraiment réduit, le continuo est paresseux, mais on sent dès le Chaos un travail sur l’articulation et sur la sonorité : rien ne pèsera dans cette Création, où certains voient trop l’avenir. Et Andrés Orozco‑Estrada se montre d’emblée narratif et coloriste – c’est un chef de théâtre, qui exalte la dimension illustrative de la musique et nous fait voir la nature et les créatures. Le Chaos ne frappe pas seulement par ses audaces harmoniques, mais par l’exploitation des timbres. Il en sera de même pour l’introduction de la troisième partie, où l’on entend un vrai matin du monde. La lecture est très suggestive, magnifiquement euphorique dans son récit de la naissance d’un monde sans péché. Les parties moins narratives semblent parfois plus prosaïques – l’orchestre reste assez neutre dans « Nun schwanden vor dem heiligen Strahle », où les cordes manquent de finesse et délié, dans le chœur final de la première partie, pas assez jubilatoire. Il n’empêche : Andrés Orozco‑Estrada a décidément l’art de raconter et de décrire, suivi par un National très complice, dont on admire beaucoup les bois.


A‑t‑on perdu au change en entendant Nikola Hillebrand et non pas Slávka Zámecníková ? Gabriel ou Eve, la soprano allemande n’est en tout cas que séduction, voix au fruité léger mais au médium charnu et bien projeté, ligne jolie et vocalise agile. Après avoir été un superbe Peter Grimes à Garnier en début d’année, Allan Clayton chante un Uriel très stylé et nuancé, évidemment plus à l’aise dans « Mit Würd’ und Hoheit angetan », qui célèbre l’apparition de l’homme sur la terre, que dans « Nun schwanden vor dem heiligen Strahle », où Haydn fait dangereusement descendre la voix vers le grave. Le trio des solistes est malheureusement déparé par Matthias Goerne. Si l’on reconnaît volontiers la beauté raffinée de la ligne, l’engorgement et l’instabilité de l’émission, l’inadéquation de la tessiture, pas assez grave, invalident son Raphaël, dont le « Nun scheint in vollem Glanze der Himmel » perd tout éclat, puis son Adam, trop dominé par sa charmante Eve. Pas de Création sans chœur : grâce à Lionel Sow, celui de la maison montre souplesse et précision, restituant tout leur éclat aux fugues finales des deuxième et troisième parties.


Un fort beau concert, qui n’aurait pas dû s’interrompre, pour faire un entracte, au milieu de la deuxième partie de l’oratorio.



Didier van Moere

 

 

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