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Sans ferveur Paris
Philharmonie
04/26/2023 - et 27 avril 2023
Giuseppe Verdi : Requiem
Elza van den Heever (soprano), Aude Extrémo (mezzo), René Barbera (ténor), Jean Teitgen (basse)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Marc Korovitch (chef de chœur), Orchestre de Paris, Jaap van Zweden (direction)
J. van Zweden (© Brad Trent)
On ne niera ni la sûreté du bras ni la densité de la pâte sonore ni la maîtrise des transitions – notamment dans le Dies iræ. Jaap van Zweden offre un Requiem de Verdi de haute couture, où rien n’est laissé au hasard, avec les fugues du Sanctus ou du Libera me final parfaitement en place. Mais il nous laisse sur notre faim : aucune ferveur, aucune tension entre la hantise du jugement et l’espoir du salut. Le chef néerlandais a la respiration trop contrainte là où il faudrait du rubato – sans excès, certes.
Le quatuor vocal laisse parfois sceptique lui aussi. Si Elza van den Heever possède la tessiture longue qu’appelle la partie de soprano, destinée à un vrai spinto au médium et au grave nourris, a de la technique – même si le si bémol aigu du « Requiem aeternam », à la fin, vacille beaucoup – et du style, elle ne dégage pas la moindre émotion. René Barbera a de l’éclat et de la nuance, notamment dans le « Hostias » de l’Offertoire. Mais seuls Aude Extrémo et Jean Teitgen habitent vraiment ce qu’ils chantent. Le grand mezzo d’opéra, timbre sombre, grave d’Erda, joue le jeu de l’effroi et de l’espérance, d’une noirceur apeurée pour « Liber scriptus », allégée et éclaircie pour « Lux æterna », dont la fin la révèle cependant assez incertaine. Basse profonde surgie de l’abîme, Jean Teitgen, même s’il sculpte beaucoup trop ses mots à la française, n’impressionne pas moins par sa noblesse dans l’évocation de l’enfer et l’appel à la pitié de « Confutatis maledictis ». Le chœur, préparé par Marc Korovitch, est au sommet, par l’homogénéité des voix, l’aisance des aigus chez sopranos et ténors, l’éventail dynamique et la précision des fugues.
Didier van Moere
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