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Musique française sous influence

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
04/22/2023 -  
Gabriel Fauré : Quatuor pour piano et cordes n° 1 en ut mineur, opus 15 [*]
César Franck : Quintette pour piano et cordes en fa mineur, FWV 7 [#]

Manon Galy, Anna Egholm [#] (violon), Violaine Despeyroux [*], Paul Zientara [#] (alto), Stéphanie Huang (violoncelle), Guillaume Bellom [*], Nathalia Milstein [#] (piano)


(© Stéphane Guy)


Le festival de Pâques de Deauville entamait ce samedi 22 avril sa vingt‑septième édition. C’est dire son parfait ancrage dans le paysage musical français. Il est vrai que la formule consistant à mettre le pied à l’étrier, dans la capitale du cheval, de jeunes instrumentistes grâce à l’appui des anciens, via la procédure de la cooptation, a fait ses preuves. Elle a permis de révéler de nouveaux talents et beaucoup ont pu faire carrière ensuite, soit comme solistes, soit comme membres d’ensembles de musique de chambre, soit encore comme membres d’orchestres prestigieux. Chaque année, on se demande ainsi quelles sont les personnalités que l’on va découvrir. C’est côté excitant de chaque édition et c’est tout l’intérêt de ce festival unique en son genre. Il est presque plus important que celui des programmes.


En effet, il n’y a guère de surprises de ce côté‑là. Les compositrices sont encore ignorées et les œuvres sont des plus classiques. Le sériel, le post‑sériel, le minimalisme américain sont quasiment absents depuis les débuts du festival et, cette année, il n’y a aucun concert consacré à la musique contemporaine alors que c’était le cas traditionnellement. Il n’y a même aucun compositeur vivant à l’affiche, à part Richard Dubugnon, pour des pièces se contentant de reprendre, en les arrangeant pour quatuor à cordes – format que l’on suit quand on ne sait pas quoi écrire, dit‑on –, des extraits d’œuvres de Johann Sebastian Bach. Au surplus, les mêmes œuvres sont souvent replacées, confirmant ainsi que les programmes sont plus établis pour confronter de jeunes musiciens au répertoire de musique de chambre que pour le public. Cela étant, si on peut déplorer le manque de renouvellement, on ne saurait trop s’en plaindre : d’authentiques chefs‑d’œuvre sont à l’affiche.


C’était le cas ce soir avec des œuvres écrites par des compositeurs français ou devenus français, sous influence germanique, les formats retenus ayant été plus que défrichés outre‑Rhin. La première partie du concert est en effet consacrée au Premier Quatuor pour piano et cordes (1880) de Gabriel Fauré (1845‑1924) déjà entendu dans la même salle de ventes de yearlings en 2012. Il est brièvement et très clairement présenté par Tristan Labouret, sur scène alors que c’est essentiellement à l’intention des auditeurs de b·concerts, site diffusant en direct et en podcasts les concerts, qu’il intervient. On est d’emblée gêné par la puissance du piano que n’arrangent pas la réverbération, pourtant limitée, de la salle et surtout l’abus de pédale. Le Scherzo ne manque pourtant ni de fluidité ni de légèreté mais les cordes ont globalement du mal à s’affirmer. Guillaume Bellom, le seul homme de l’équipe ici et qui fait figure d’ancien à Deauville alors qu’il n’a somme toute que 30 ans, domine non seulement sa partition mais aussi ses camarades, certains aigus étant exagérément claqués. Du côté des cordes, violon et alto paraissent encore un peu verts tandis qu’on repère une violoncelliste, Stéphanie Huang, impeccable de bout en bout sur son Francesco Stradivarius de 1742 ; elle sait cultiver le beau son sans excès de « gras ». La prudence et la fragilité des cordes n’empêchent pas un final autant passionné que lumineux et qui emporte tout sur son passage.



A. Egholm, N. Milstein, M. Galy, P. Zientara, S. Huang
(© Stéphane Guy)



Le célèbre Quintette de César Franck (1822‑1890), créé un mois avant l’œuvre précédente, occupe, après la pause, l’intégralité de la seconde partie du concert. Il avait déjà été programmé en 2009, 2012, 2016, 2018 et il y a peu, l’été dernier, dans le cadre de l’Août musical. Restent en piste les violoniste et violoncelliste tandis que le seul homme de service, cette fois Paul Zientara, excellent, se retrouve à l’alto. Le piano de Nathalia Milstein, au jeu malheureusement pas toujours bien clair, est beaucoup plus mesuré que celui de Guillaume Bellom et la « mayonnaise prend » plus facilement, l’équilibre étant meilleur, au‑delà du fait que César Franck fait jouer souvent les cordes à l’unisson pour organiser la résistance. C’est encore un déferlement de passions, cette fois à peine perturbé par le passage d’un grain sur la toiture de la salle entre les premier et deuxième mouvements. Il achève de nous convaincre de la qualité des musiciens.


On retient du concert qu’il ouvrait somme toute de belle façon le festival 2023, la relève avec Nathalia Milstein et Violaine Despeyroux (nées en 1995), Manon Galy, Stéphanie Huang et Anna Egholm (nées en 1996) et Paul Zientara (né en 2000) – cinquième génération à Deauville – paraissant autant assurée que prometteuse.


Le site du Festival de Pâques de Deauville



Stéphane Guy

 

 

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