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Nelson Goerner, l’architecte des sons

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/21/2023 -  
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52
Franz Liszt : Sonate en si mineur, S. 178

Nelson Goerner (piano)


N. Goerner (© Jean‑Baptiste Millot)


Richesse de l’éventail dynamique, avec des fortissimos sans dureté, dosage subtil du rubato, refus de la fadeur ou de l’excès dans l’émotion : la Première Ballade de Chopin donne le ton. Nelson Goerner enchaîne les quatre comme, à la Philharmonie, Krystian Zimerman avait enchaîné les quatre Scherzos. Et l’on a l’impression que les Ballades sont faites pour se succéder, en un grand crescendo dont le climax serait la Quatrième, où l’Argentin est fabuleux. Par le contrôle absolu des moyens, du lyrisme et de la forme – ce en quoi, justement, il rappelle le Polonais. On construit rarement à ce point ces évasions dans l’imaginaire, où se concilient ici la liberté rhapsodique et la rigueur architecturale. La lecture est très polyphonique, enchevêtrement de voix que l’on n’entend pas toujours aussi clairement, que l’on croit parfois découvrir, grâce notamment à l’éloquence inouïe de la main gauche.


Pouvait-il monter plus haut ? Oui : la Sonate de Liszt vous cloue sur place. N’y cherchons pas forcément la Symphonie de Faust que beaucoup y ont vue, où le démon serait à l’œuvre, mais plutôt une œuvre très unitaire, savamment élaborée, un flux continu de musique, que le pianiste maîtrise avec une virtuosité concentrée, rien moins que démonstrative – en témoigne le redoutable épisode fugué, dont ses doigts semblent se jouer. Rien de sèchement analytique pour autant : il intègre seulement les effusions dans une forme. Lecture polyphonique encore, où tout se répond, mais que l’on peut appréhender aussi verticalement – des accords chaque note s’entend. Certains écartèlent la Sonate entre l’ombre et la lumière, quitte à en fragmenter les épisodes, lui les rapproche, pour préserver la cohérence de la structure sans néanmoins en émousser les angles. Parvenir à un tel équilibre relève du tour de force – une fois de plus, on pense à Zimerman.


Le deuxième des Intermezzi opus 118 de Brahms, plein de clairs‑obscurs, atteint à la pure poésie. Et les vertigineuses Arabesques sur des thèmes de la valse « Le Beau Danube bleu » d’Adolf Schulz‑Evler donnent l’impression d’une imagination sonore sans limites.


Le site de Nelson Goerner



Didier van Moere

 

 

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