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Triplé culte

Paris
Opéra Bastille
04/21/2023 -  et 22, 25, 28, 30 avril, 3, 4, 6, 9, 10, 12, 13, 16, 18, 19, 21, 24, 25, 27, 28 mai 2023

L’Oiseau de feu

Maurice Béjart (chorégraphie), Igor Stravinski (musique)
Mathieu Ganio*/Alexandre Gasse/Antoine Kirscher/Florent Melac/Francesco Mura (L’Oiseau de feu), Yvon Demol/Grégory Dominiak/Alexandre Gasse/Florimond Lorieux* (L’Oiseau Phénix)


Le Chant du compagnon errant
Maurice Béjart (chorégraphie), Gustav Mahler (musique)
Audric Bezard/Hugo Marchand*/Marc Moreau/Enzo Saugar (Homme rouge), Guillaume Diop/Mathieu Ganio/Antoine Kirscher/Germain Louvet*/Florent Melac (Homme bleu)
Sean Michael Plumb*/Samuel Hasselhorn/Thomas Tatzl (baryton)


Boléro
Maurice Béjart (chorégraphie, mise en scène), Maurice Ravel (musique)
Amandine Albisson*/Dorothée Gilbert/Germain Louvet/Hugo Marchand/Ludmila Pagliero/Alice Renavand (soliste)
Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l'Opéra national de Paris, Patrick Lange (direction musicale)


L’Oiseau de feu : M. Ganio (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


Triplé « culte » sur la scène bastillane avec trois œuvres historiques de Maurice Béjart dansées par le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) !


On craignait que la première de cette soirée ne soit victime du climat social actuel car la veille, les grévistes avaient eu raison de la mise en scène d’Ariodante. Après sa production culte d’Alcina en 1999 (voir ici), on attendait avec impatience le retour à Haendel de Robert Carsen sur la scène du Palais Garnier. La première a été représentée en version de concert pour des spectateurs prévenus au dernier moment, l’annonce par les salariés en grève illimitée n’intervenant que deux heures avant le lever de rideau.


Le lendemain sur la scène bastillane avait lieu sans encombre la première d’une série de représentations d’une rétrospective d’œuvres fondamentales de Maurice Béjart s’étalant jusqu’au 28 mai et qui sera retransmise en direct le jeudi 25 mai à 20 heures sur france.tv/Culturebox, dans les cinémas UGC, CGR et des cinémas indépendants en France et en Europe. Superbe triplé avec des œuvres increvables pour lesquelles le BOP a réuni ses meilleurs solistes.


Ainsi dans le mythique Oiseau de feu, créé pour cette compagnie en 1970, Mathieu Ganio, véritable star de la maison se montrait digne successeur du créateur Michaël Denard, disparu en février dernier. Puissance, élégance, présence scénique incroyable ! Le danseur étoile recrée avec panache cet Oiseau avec un jeu de bras‑ailes envoûtant et le feu inhérent au rôle. Son acolyte l’Oiseau Phénix, dansé par le sujet Florimond Lorieux, ne démérite pas face à cette flamme vivante et l’ensemble des oiseaux et les partisans achèvent de rendre cette reprise aussi ardente que dans nos souvenirs.



Le Chant du compagnon errant : H. Marchand, G. Louvet
(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)



Puis Le Chant du compagnon errant (1971), dans lequel Germain Louvet et Hugo Marchand dansaient sur le bouleversant cycle de lieder de Mahler sur ses propres poèmes, chantés par le baryton Sean Michael Plumb. Ce chanteur américain assure sa part du spectacle avec une voix qui semble taillée sur mesure tant il est à l’aise dans les notes aiguës qui parsèment ces chants. Dansé par les mêmes qu’au gala en hommage à Patrick Dupond à Garnier il y a trois mois, ce pas de deux se déploie mieux sur la grande scène de l’Opéra Bastille et les deux danseurs étoiles donnent cette fois une interprétation plus accomplie de cette vibrante image de la fraternité.



Boléro : H. Marchand, A. Albisson
(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)



Enfin, pièce la plus emblématique et la plus populaire du chorégraphe français, son Boléro, créé en 1961 à Bruxelles et entré neuf ans plus tard au répertoire de l’Opéra de Paris dans d’inoubliables représentations au Palais des Sports. Ce ballet sur l’envoûtante partition de Ravel, véritable « lieu de mémoire » tant il a été dansé dans des avatars différents et par des danseurs exceptionnels, est ici donné dans sa version originale : la danseuse (Mélodie) sur la mythique table rouge et des hommes (Rythme) autour. Il suffit pour se convaincre de l’évolutivité dans le temps et l’espace de cette chorégraphie érotique presque aussi célèbre que son substrat musical, de visionner le document édité sur DVD par EuroArts avec deux versions jamais encore publiées du Boléro dansées à Bruxelles par deux danseuses disparues, en 1962 par sa créatrice, la danseuse macédonienne (alors yougoslave) Duska Sifnios, et dans un film en couleur, réalisé par Béjart lui‑même en 1977 avec des éclairages et des prises de vue plus élaborées, par l’immense ballerine russe Maïa Plissetskaïa, qui s’approprie le rôle et en donne, avec le jeu de ses bras fluides et sans fin, une interprétation d’une beauté et d’une étrangeté jamais égalées par la suite. Il a fallu quelques hommes comme Jorge Dunn, Patrick Dupond, Nicolas Le Riche pour rivaliser avec cette incarnation historique. Plus modestement mais avec une belle énergie, peut‑être pas assez de sauvagerie, la danseuse étoile Amandine Albisson s’empare de ce rôle inhumain (16 minutes de transe), s’appropriant idéalement le vocabulaire béjartien. Dirigé par Patrick Lange, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris s’est montré constamment un partenaire idéal.



Olivier Brunel

 

 

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