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L’Orfeo en marionnettes

Monaco
Monte‑Carlo (Opéra)
04/17/2023 -  
Claudio Monteverdi : L’Orfeo
Renato Docini (Orfeo), Carlotta Colomo (La Musica, Euridice), Sara Mingardo (La Messagera, la Speranza), Marco Mingardo (Plutone), Salvo Vitale (Caronte), Massimo Altieri (Apollon), Elena Carzaniga (Proserpina), Francesca Cssinari (Ninfa), Compagnia Marionettistica Carlo Colla e Figli
Ensemble vocal Il canto di Orfeo, Orchestre des Musiciens du Prince, Gianluca Capuano (direction)


(© Marco Borelli/Opéra de Monte‑Carlo)


On est des grands enfants ! Lorsqu’a été annoncée la représentation de L’Orfeo de Monteverdi avec des marionnettes à l’Opéra de Monte‑Carlo, les places se sont arrachées en quelques heures. On n’allait pas assister, bien sûr, à un spectacle de guignol mais à une représentation donnée par une troupe de marionnettistes connue comme l’une des plus anciennes du monde, la compagnie Carlo Colla, fondée il y a deux siècles à Milan.


Elle s’est perpétuée de père en fils jusqu’en 2017, à la mort du dernier descendant de la famille, Eugenio Monti-Colla. La maison est ensuite passée entre les mains de Franco Citterio, qui était entré dans la troupe à l’âge de 9 ans (autant dire qu’il faisait partie de la famille !), et qui en est devenu le directeur et le metteur en scène en même temps qu’un des marionnettistes. « Jadis les marionnettes se contentaient de représenter les personnages », commente‑t‑il. « Maintenant elles arrivent à imiter les mouvements des chanteurs, leurs gestes de bras, leurs mouvements de tête. Ils scandent les temps, accompagnent la courbe de la phrase musicale. »


De fait, le résultat est un enchantement ! Nous avons passé deux heures de rêve. Contrairement à ce qui se fait dans d’autres spectacles de marionnettes, la représentation, à Monaco, ne s’est pas faite avec un enregistrement discographique mais avec des musiciens et chanteurs en direct, qui se trouvaient dans la fosse. Des musiciens et chanteurs de premier ordre ! L’orchestre était celui des Musiciens du Prince, ensemble de musique baroque fondé à Monaco par Cecilia Bartoli et dirigé par Gianluca Capuano. Le chœur, regroupé sous le nom de « Canto di Orfeo », était excellent. Parmi les solistes, nous avons particulièrement remarqué Renato Dolcini dans le rôle d’Orphée, Marco Saccardin dans celui de Pluton, Elena Carzaniga dans celui de Proserpine.


Monteverdi avait sa propre marionnette. C’est lui qui vint ouvrir le spectacle et fit démarrer l’orchestre. Lors du touchant final, les chanteurs sont venus saluer sur scène en prenant par la main les marionnettes auxquelles ils avaient prêté leur voix.


Si vous croisez sur votre chemin ces petits personnages en bois dont la vie ne tient qu’à quelques fils, n’hésitez pas à aller à leur spectacle. Ce sont des enchanteurs.



André Peyrègne

 

 

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