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Au chapelier fou

Paris
Athénée - Théâtre Louis‑Jouvet
04/07/2023 -  et 8, 11, 12, 14, 15, 16 avril (Paris), 1er, 2 décembre (Dijon) 2023
Reynaldo Hahn : O mon bel inconnu
Marc Labonnette (Prosper), Clémence Tilquin (Antoinette), Sheva Téhoval (Marie‑Anne), Emeline Bayart (Félicie), Victor Sicard (Claude), Jean‑François Novelli (Jean‑Paul, M. Victor), Carl Ghazarossian (Hilarion Lallumette)
Orchestre des Frivolités Parisiennes, Samuel Jean (direction musicale)
Emeline Bayart (mise en scène), Anne‑Sophie Grac (décors, costumes), Joël Fabing (lumières)


(© Marie Pétry)


Dans la foulée d’un épatant Coups de roulis de Messager présenté sur la même scène le mois dernier, Les Frivolités Parisiennes nous gratifient d’un formidable O mon bel inconnu de Reynaldo Hahn et Sacha Guitry, spectacle coproduit avec le Palazzetto Bru Zane ‑ Centre de musique romantique française à Venise.


Même s’il a excellé dans des genres moins légers, ce sont ses opérettes O mon bel inconnu et Ciboulette qui ont assis la réputation de Reynaldo Hahn (1874‑1947), compositeur que l’on réhabilite depuis quelques années grâce notamment au travail de l’équipe du Palazzetto Bru Zane, qui en a publié en 2019 l’intégrale des mélodies et en 2020 l’enregistrement de ce Bel inconnu, collaboration fructueuse du compositeur avec Sacha Guitry sept ans après leur Mozart. On trouve curieusement peu d’indications sur la composition de ce petit chef‑d’œuvre de l’opérette dans le Journal de Hahn récemment édité par Philippe Blay, auteur d’une remarquable biographie qui consacre un certain nombre de pages à l’analyse et aux circonstances de composition de cette comédie en musique.


C’est devant un public enthousiaste mais pas très jeune que s’est déroulée la première parisienne de ce spectacle vaudevillesque coproduit avec les scènes de Tours, Avignon, Rouen et Massy, où il sera donné en 2023-2024. Il ne s’est heureusement trouvé personne pour s’offusquer publiquement des propos machistes et si peu dans le vent politique actuel sur la famille et le travail du patriarche Prosper Aubertin, le chapelier un peu fou de ce commerce familial petit‑bourgeois du passage Choiseul, émoustillé par l’évolution des mœurs, lequel en quête d’une aventure place une annonce dans un journal à laquelle répondent simultanément sa femme, sa fille et sa bonne ! En effet les dialogues et nombreux quiproquos qui mènent l’œuvre à un heureux – quoiqu’un peu loufoque – dénouement dans lequel un des personnages, muet, le philatéliste Hilarion Lallumette, recouvre la parole à condition qu’elle soit chantée, seraient aujourd’hui de nature à faire sourcilier certain(es). Mais dans le contexte des Années folles (l’œuvre a été créée en 1933 au Théâtre des Bouffes-Parisiens), on flirtait allégrement et sans complexe avec les problèmes de classes sociales et d’infidélité conjugale.


La scénographie très colorée d’Anne‑Sophie Grac et la mise en scène légère, jamais chargée (le genre est plus que fragile), d’Emeline Bayart font passer, même si certains passages semblent un peu longuets, une excellente soirée. Tous les rôles sont campés avec la plus grande finesse et justesse vocale par ces chanteurs comédiens. Marc Labonnette, le chapelier Prosper, mène la comédie avec beaucoup de verve, Emeline Bayart reprend avec panache le rôle de la soubrette Félicie tenu à la création par Arletty, dont les couplets en forme de polka de la chalcographie, sont un des tubes de l’œuvre, tout comme la valse en trio chantée par les trois femmes en quête de leur bel inconnu avec Clémence Tilquin et Sheva Tehoval. Samuel Jean dirige avec élégance un orchestre parfois un peu clinquant mais qui rend justice aux très subtiles orchestrations ciselées par Reynaldo Hahn.



Olivier Brunel

 

 

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