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Saint‑Saëns en majesté

Paris
Philharmonie
04/02/2023 -  et 29 (Poitiers), 31 (Châlons-en-Champagne) mars 2023
Camille Saint‑Saëns : Danse macabre, opus 40 – Concerto pour piano n° 5, opus 103 – Symphonie n° 3, opus 78
Bertrand Chamayou (piano), Vincent Warnier (orgue)
Orchestre des Champs-Elysées, Louis Langrée (direction)


L. Langrée (© Chris Lee)


Deux ans après le centenaire de sa mort, Saint‑Saëns est toujours là et l’on s’en réjouit. Surtout lorsqu’il donne lieu au concert que vient de donner à la Philharmonie un Orchestre des Champs-Elysées en grande forme. Il est vrai aussi que Louis Langrée et Bertrand Chamayou sont de grands interprètes de la musique française.


La Danse macabre, d’une grande clarté et pleine de couleurs, très construite, s’assombrit progressivement, jusqu’au sabbat final, d’une noirceur démoniaque, après avoir commencé avec une sorte de sourire en coin, presque lyrique. Rien de mécanique comme dans certaines interprétations, Louis Langrée n’oubliant pas, à l’instar du beau violon d’Alessandro Moccia, qu’il faut ici danser, valser parfois.


On savait ce qu’on pouvait attendre de Bertrand Chamayou dans le Concerto « L’Egyptien» : du brillant, des couleurs, de l’imagination. Du mouvement lent le mystère est préservé, avec ses subtiles vibrations et ses parfums exotiques d’un raffinement capiteux, la Toccata caracole et flamboie, mais la fabuleuse maîtrise du clavier ne tourne pas à la démonstration. Louis Langrée est un accompagnateur comme l’était Eugène Ormandy : il hisse l’orchestre au même niveau d’inspiration que le pianiste, qu’il soutient et stimule – on se souvient encore en 2017 du Quatrième Concerto de Beethoven avec Nelson Freire à Radio France, où Emmanuel Krivine l’année suivante n’offrait pas pareil écrin au piano de l’Egyptien. En bis, de très évocatrices « Cloches de Las Palmas », quatrième des Six Etudes opus 111 d’un Saint‑Saëns héritier de Liszt et précurseur de l’impressionnisme.


La Troisième Symphonie montre que Louis Langrée a la tête épique. Il construit une grandiose dramaturgie, où la tension ne faiblit jamais, avec un sens magnifique des enchaînements. Rien de lourd pour autant, tout est d’une parfaite clarté polyphonique, ce qui révèle l’étendue de l’éventail des nuances et des couleurs – poésie mystérieuse des premières mesures, lyrisme incandescent mais sans outrance du Poco adagio, noirceur effrénée du Scherzo, une vraie chasse sauvage. Ce Saint‑Saëns‑là est le digne successeur de Berlioz et de Liszt, comme s’il opposait de nouveau Faust et Méphistophélès. Le majestueux final, qui souvent déborde et manque d’unité, reste implacablement tenu alors qu’il est traversé par un immense souffle. Vincent Warnier épouse la vision du chef, déployant les sonorités généreuses de l’orgue de la Philharmonie.

Un bis s’imposait : en prélude à la production de l’Opéra‑Comique, l’entracte du troisième acte de Carmen, où le chef laisse les musiciens jouer seuls.



Didier van Moere

 

 

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