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Une superbe production

Marseille
Opéra
03/30/2023 -  et 2, 4, 7 avril 2023
Giuseppe Verdi : Nabucco
Juan Jesús Rodriguez (Nabucco), Csilla Boross (Abigaille), Simon Lim (Zaccaria), Jean-Pierre Furlan (Ismaele), Marie Gautrot (Fenena), Thomas Dear (Il Gran Sacerdote), Laurence Janot (Anna), Jérémy Duffau (Abdallo)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Paolo Arrivabeni (direction musicale)
Jean-Christophe Mast (mise en scène), Jérôme Bourdin (décors, costumes), Pascal Noël (lumières), Laurence Fanon (chorégraphie)


(© Christian Dresse)


C’est toujours un grand plaisir de retrouver l’Opéra de Marseille, dont le splendide édifice Art déco fait la fierté de la ville depuis son inauguration en 1924. A la veille du centenaire prévu l’an prochain, l’institution phocéenne impressionne à nouveau par la qualité de la distribution vocale réunie pour Nabucco (1842), l’un des plus grands succès de la carrière de Verdi. C’est là l’habituel point fort à Marseille, d’autant plus remarquable que le directeur Maurice Xiberras ne dispose pas de moyens financiers comparables à ceux de ses équivalents hexagonaux (Lyon ou Toulouse, par exemple). Il faut donc pas mal de flair et d’entregent pour dénicher un couple principal aussi incendiaire que celui formé par Juan Jesús Rodriguez et Csilla Boross, déjà vivement applaudis ici même en 2016 dans Macbeth.


Annoncé souffrant, Juan Jesús Rodriguez (Nabucco) domine pourtant ses partenaires de toute sa classe vocale, d’une homogénéité parfaite sur toute la tessiture. Ses phrasés d’une grande noblesse, autant par son attention au sens qu’à la diction, donnent une incarnation d’une grande intensité théâtrale, vivement applaudie en fin de soirée. A ses côtés, Csilla Boross (Abigaille) n’est pas en reste dans l’incarnation dramatique, osant des attaques mordantes, d’une grande richesse de couleur. Sa voix ample et puissante lui permet des prises de risque qui scotchent l’auditeur sur son fauteuil, sans oublier quelques nuances délicieuses dans les piani. Seuls quelques changements de registre laissent entrevoir une certaine rudesse, sans parler des stridences dans le suraigu. Rien d’indigne toutefois, tant le chant généreux de la soprano hongroise reste attachant jusque dans ses (relatives) approximations techniques. On aime aussi le Zaccaria de Simon Lim, au timbre de bronze superbe de résonance, qui s’impose d’emblée par sa présence scénique, toujours irradiante. Avec une voix plus modeste mais bien articulée, Marie Gautrot (Fenena) donne beaucoup de plaisir par sa fraîcheur vocale, tandis que Jean-Pierre Furlan (Ismaele) compense un timbre un peu fatigué par un abattage toujours naturel. Dans les seconds rôles, Thomas Dear (Le grand‑prêtre) se distingue par sa projection d’une grande dignité, de même que l’impeccable Chœur de l’Opéra de Marseille, très engagé tout du long et capable de provoquer l’émotion dans les passages plus recueillis, à force de subtilités admirablement étagées.


L’autre grande réussite de la soirée est à mettre au crédit de la direction narrative de Paolo Arrivabeni : une merveille de contrastes entre fulgurances excitantes dans les parties guerrières et subtilités plus aériennes par ailleurs. Apres l’entracte, le grand air de Zaccharia trouve ainsi une évocation toute de sensibilité dans les frémissements du pupitre de violoncelles, à l’image du geste toujours délicat du chef italien. De quoi donner à Nabucco, qui n’avait plus été donné à Marseille depuis 1989, un succès public aussi enthousiaste que mérité en fin de représentation, y compris pour la mise en scène très efficace de Jean‑Christophe Mast (voir la première de cette production, à Saint‑Etienne en 2016). L’ancien assistant de Charles Roubaud joue sur l’opposition entre les deux peuples, aux couleurs différenciées, avec des costumes modernisés pour les Babyloniens, à mi‑chemin entre l’univers des films de Ninja et ceux de Mad Max. Dans cette optique, les scènes chorégraphiées avec les lances guerrières sont particulièrement réussies, en mettant en avant le parti pris épuré et géométrique de la production.



Florent Coudeyrat

 

 

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