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Cure de jouvence musicale

Vienna
Konzerthaus
03/10/2023 -  et 12* mars 2023
Franz Schreker : Der Schatzgräber : Interlude symphonique
Dimitri Chostakovitch : Suite pour orchestre de jazz n° 2
Ludwig van Beethoven : Triple Concerto, opus 56

Lukas Sternath (piano), María Duenas (violon), Kian Soltani (violoncelle)
Wiener Symphoniker, Patrick Hahn (direction)


M. Duenas (© Tam Lan Truong)


L’interlude symphonique de l’opéra Le Chercheur de trésors ouvre la première partie : une partition du compositeur autrichien Franz Schreker, malheureusement tombée dans un oubli relatif, extrait d’un succès opératique des années 1920, qui déroule une musique voluptueuse, complexe et diffracte une multitude de parties instrumentales, affichant sa contemporanéité avec la musique de Strauss sans jamais la copier. Cette luxuriance exigerait une vision précise et une exécution nette, fondée sur des choix sans compromis pour imprimer de la lisibilité et établir une balance sonore. Au vu du curriculum du jeune chef Patrick Hahn (28 ans), excellent musicien pluridisciplinaire et déjà très bien armé pour monter des opéras complexes, nous ne doutons pas de l’acuité de son audition intérieure – la lecture, certes bien en place, est en revanche pauvre en relief et respiration, permettant difficilement de discerner les couleurs de l’œuvre, encore moins dans les premiers rangs ou siégeait votre chroniqueur qu’au centre de la salle. Dans la Suite de Chostakovitch, le chef prouve qu’il sait, quand il le faut, reprendre la main et tenir ses musiciens ; mais là aussi, cela manque globalement de tranchant et d’extraversion. C’est un peu fâcheux dans une pièce où un orchestre peut très bien tourner sans chef à sa tête.


La tension grimpe d’un cran avec le Triple Concerto de Beethoven ; trois solistes, jeunes, photogéniques et incroyablement doués se rejoignent sur le podium. Face à ses collègues de la génération Z, Kian Soltani (31 ans) est le doyen de la soirée. Cela pourrait être un coup de marketing, mais la substance musicale nous rappelle vite que le talent ne compte pas les années. Soltani c’est le chien fou du groupe ; il nous prend immédiatement aux tripes, avec un grain de corde de violoncelle instinctif, une inventivité de tous les instants. María Duenas (21 ans), dans le rôle de la jeune fille un peu sage, imprime un éclairage aristocratique, son timbre solaire et sucré s’enrichissant d’un vibrato sensuel et admirablement contrôlé. Le contraste entre ces deux musiciens apporte un certain sel à la partition, sans nuire à la cohésion. La colonne vertébrale du trio, Lukas Sternhart (22 ans), trace un trait d’union entre solistes et orchestre, son piano discret et fluide (mais surtout d’une solidité à toute épreuve) parvenant à structurer et relancer la partition. L’orchestre est cette fois aussi nettement mieux tenu, et colle au trio sans le couvrir. Au contact de ces jeunes personnes brillantes, on ressort du concert les oreilles revigorées et le cœur rajeuni.



Dimitri Finker

 

 

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