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Heureusement qu’il y a les chanteurs

Milano
Teatro alla Scala
01/28/2023 -  et 1er*, 8, 11, 14, 17, 21 février 2023
Giuseppe Verdi : I vespri siciliani
Luca Micheletti*/Roman Burdenko (Guido di Monforte), Andrea Pellegrini (Il sire di Bethune), Adriano Gramigni (Il conte Vaudemont), Piero Pretti (Arrigo), Simon Lim (Giovanni da Procida), Marina Rebeka*/Angela Meade (La duchessa Elena), Valentina Pluzhnikova (Ninetta), Giorgio Misseri (Danieli), Bryan Avila Martínez (Tebaldo), Christian Federici (Roberto), Andrea Tanzillo (Manfredo)
Coro del Teatro alla Scala, Alberto Malazzi (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Fabio Luisi (direction musicale)
Hugo De Ana (mise en scène, décors, costumes), Vinicio Cheli (lumières), Leda Lojodice (chorégraphie)


(© Brescia e Amisano/Teatro alla Scala)


Dire que la nouvelle production des Vêpres siciliennes à Milan était attendue avec impatience est un euphémisme. L’opéra de Verdi n’avait en effet plus été représenté à la Scala depuis 1989, année où Riccardo Muti dirigeait une distribution réunissant Cheryl Studer, Chris Merritt, Giorgio Zancanaro et Ferruccio Furlanetto, dans une mise en scène de Pier Luigi Pizzi. Le spectacle de ce début d’année 2023 n’a malheureusement pas comblé toutes les attentes : la mise en scène est uniformément grise et triste (elle a d’ailleurs été largement conspuée le soir de la première), l’orchestre couvre souvent les chanteurs, ces derniers étant les seuls, avec le chœur, à tirer pleinement leur épingle du jeu. Hugo De Ana, responsable à la fois de la mise en scène, des décors et des costumes, signe une production statique, uniforme et monotone, sur fond de hautes parois noires, de longues passerelles métalliques, de symboles religieux à foison, de fumigènes ainsi que de chars, de canons et d’armes en tous genres, sans oublier les nombreux coups de fusil tout au long de la soirée. Le télescopage avec l’actualité la plus récente explique peut‑être en partie la réaction de rejet du public. Alors que le livret situe l’action en 1282, année où eut lieu un soulèvement populaire à Palerme puis dans le reste de la Sicile contre les Angevins qui dominaient alors l’île, l’intrigue est transposée durant la Seconde Guerre mondiale, lors du débarquement des troupes alliées sur les côtes siciliennes, mais sans qu’on en comprenne exactement les tenants et aboutissants. On ne saisit pas non plus le pourquoi de l’apparition, au début de chaque acte, d’un chevalier et de la Mort jouant aux échecs, allusion claire au Septième Sceau d’Ingmar Bergman certes, mais quel est le lien avec l’opéra de Verdi ? Si le metteur en scène se plaît à montrer la violence des occupants contre les occupés, avec des séances de torture particulièrement crues, la direction d’acteurs est à peine esquissée, de sorte que les personnages sont très peu caractérisés.


La fosse procure davantage de satisfactions, mais avec néanmoins une grosse réserve. Fabio Luisi offre une lecture nerveuse et contrastée, alerte et vigoureuse, très théâtrale et dramatique, traduisant parfaitement l’élan et les passions du livret, mais il ne peut s’empêcher de couvrir souvent les chanteurs. La distribution n’appelle, quant à elle, que des éloges, ou presque. Marina Rebeka livre un très beau portrait d’Elena, convainquant aussi bien dans les passages dramatiques, avec ses accents véhéments et enflammés, que dans les vocalises qui rapprochent le rôle du belcanto. Le célèbre Boléro est confondant d’agilité, de longueur de souffle et de nuances, alors que la descente chromatique de l’air « Arrigo ! ah ! parli a un core », proprement hallucinante, trahit une technique hors pair. Arrigo ardent et passionné, Piero Pretti déploie un phrasé irréprochable, une émission homogène ainsi que des aigus vigoureux et lumineux, quand bien même la voix est plutôt limitée en volume. Le jeune baryton italien Luca Micheletti, dont la carrière est sur le point de s’envoler, est particulièrement prometteur, avec sa belle voix majestueuse et sombre ainsi que son superbe legato. Un nom à suivre assurément. S’il n’atteint pas les mêmes sommets que ses partenaires, en raison notamment de son émission rocailleuse et de son manque de raffinement vocal, Simon Lim n’en incarne pas moins un Procida vigoureux et sonore, comme il convient au personnage. Et, last but not least, impossible de ne pas citer la magnifique prestation du Chœur de la Scala, qui a Verdi dans son ADN.



Claudio Poloni

 

 

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