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La tête dans la partition

München
Herkulessaal
01/19/2023 -  et 20 janvier 2023
John Adams : Short Ride in a Fast Machine
Samuel Barber : Concerto pour violon, opus 14
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Lahav Shani (direction)


L. Shani, G. Shaham (© Astrid Ackermann)


Si Mariss Jansons a beaucoup joué avec l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise les Danses symphoniques de Rachmaninov, la première partie de ce programme nous permet d’entendre les musiciens dans un répertoire qui ne leur est pas aussi familier.


Ceci s’entend de façon assez flagrante dans la Short Ride in a Fast Machine de John Adams. Le compositeur américain a souvent décrit cette courte pièce comme son Prélude opus 23 n° 5 de Rachmaninov, une pièce très souvent jouée qui est une excellente introduction à sa musique. Mais nous sommes ici assez loin du souvenir de la soirée où John Adams avait lui‑même dirigé cette œuvre en 2016 à Genève à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande. Les musiciens, dont le wood‑block, ont du mal à trouver la pulsation de cette œuvre. Les grandes lignes de cet ostinato ne ressortent pas et les équilibres ne rendent pas justice à la brillance de l’orchestration de John Adams. De façon assez caractéristique, chefs et musiciens ont la tête dans la partition au lieu de communiquer.


C’est un peu le même problème que l’on retrouve dans le Concerto pour violon de Samuel Barber. Contrairement à son habitude, Lahav Shani a recours à une partition. Certains accords dans le Presto final sont une peu lourds par rapport à ce que l’on connaît de cet orchestre. Soliste et chef semblent ne pas échanger autant qu’il serait possible.


Mais la présence de Gil Shaham change tout. Le violoniste américain trouve beaucoup d’expression dans ce concerto dont il est très familier et qu’il a beaucoup défendu. Sa sonorité est très riche. Les phrasés sont superbes en particulier dans le très émouvant Andante qui démarre avec le superbe solo du hautbois de Ramón Ortega Quero. Comme pour le célébrissime Adagio pour cordes, Barber est à son meilleur dans un mouvement lent, expressif et si personnel.


Très applaudi, Gil Shaham donne deux bis. Le premier, Isolation Rag, est un cadeau plein de malice du compositeur Scott Wheeler écrit durant le couvre‑feu du covid ; le second est la classique Gavotte de la Partita BWV 1006, pleine de liberté et de musicalité.


En seconde partie, les musiciens retrouvent une œuvre qu’ils ont souvent jouée sous la direction de Mariss Jansons (et dont il existe un document des répétitions). A partir de l’intervention des bois dans le premier mouvement (au chiffre 11, pour les amateurs des partitions...), les équilibres des tutti sont plus sereins et, en dépit de la très réelle difficulté technique de la musique, les musiciens sont plus à leur aise et l’orchestre retrouve sa sonorité. Si certains chefs modernes ont présenté un Rachmaninov un peu « sévère », la lecture que de Lahav Shani de ces Danses symphoniques est un peu plus sentimentale et de ce fait, plus « classique ». Le chef israélien n’hésite pas de pratiquer quelques rallentandi un peu visibles mais il est assez éloquent dans l’Andante central.


L’orchestre retrouvera pour son prochain concert son futur directeur musical Sir Simon Rattle pour une exécution de Siegfried en version de concert. Il sera certainement intéressant de voir comment, au fil des saisons, le répertoire et le style de cet orchestre vont évoluer et en fin de compte, s’ils pourront être aussi à son aise dans Adams et Barber que dans Rachmaninov.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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