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Vitalité et insolence

Toulon
Opéra
12/28/2022 -  et 30, 31 décembre 2022
Jacques Offenbach : La Périchole
Antoinette Dennefeld (La Périchole), Chloé Briot (Guadalena, Manuelita), Alix Le Saux (Berginella, Ninetta), Valentine Lemercier (Mastrilla, Brambilla), Natalie Pérez (Frasquinella), Philippe Talbot (Piquillo), Alexandre Duhamel (Don Andrès de Ribeira), Rodolphe Briand (Don Miguel de Panatellas), Lionel Lhote (Don Pedro de Hinoyosa), Eddy Letexier (Marquis de Tarapote)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernoullin (chef du chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Laurent Campellone (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Agathe Mélinand (adaptation des dialogues), Chantal Thomas (scénographie), Michel Leborgne, Sarah Eger (lumières)


(© K. Bouffard)


Coproduite par le Théâtre des Champs‑Elysées, l’Opéra de Toulon, l’Opéra royal de Wallonie, le Théâtre de Berne, l’Opéra de Dijon et le Palazzetto Bru Zane, cette production de La Périchole mise en scène par Laurent Pelly a séduit le public toulonnais hier soir.


Pelly place l’action dans les années actuelles, avec « food‑truck » pour les Trois Cousines, treillis pour les soldats, jeans, baskets et chemises aux couleurs fluorescentes pour la jeunesse pauvre de Lima. Le livret est « ajusté » en conséquence, sans excès, même si à deux ou trois reprises quelques prudes oreilles ont pu être choquées par la verdeur du langage. Tant pis pour elles. Cette mise en scène, sur fond de sédition et d’insolence, aux traits appuyés et autres touches burlesques, colle splendidement à un livret qui ne fait pas dans la dentelle. L’acte II est certainement le plus réussi et on change totalement d’esthétique. Après les murs tagués des quartiers populaires, on passe dans les salons du vice‑roi. La scène est essentiellement meublée d’immenses miroirs aux cadres somptueux imitant le bois doré. Les costumes, façon haute couture, d’une extravagance soignée avec une pointe de ridicule, sont portés par des courtisanes qui, elles, se soucient peu d’avoir l’air distingué. Avec une musique qui regorge de pépites et une direction d’acteurs drôle et très élaborée, comment ne pas rire de bon cœur pendant le galop « Sautez dessus, sautez dessus... » ou encore le couplet des « Maris récalcitrants » ? D’ailleurs, tous les mouvements du chœur se succèdent sans interruption et tous, réglés au millimètre, sont exécutés avec une précision diabolique. Du début à la fin, la scène déborde d’énergie et de vitalité, sans aucun faux pas. Si l’on devait expliquer à des néophytes ce qu’est une véritable direction de chanteurs/acteurs, ce travail, fouillé, intelligent et drôle, serait très éloquent.


Toute la troupe relève ce défi exigeant et ininterrompu avec un immense talent. Les rôles principaux ne sont peut‑être pas les plus grandes voix du moment, mais tous s’acquittent de leur partition avec bravoure et les applaudissements nourris du public sont là pour le prouver. Antoinette Dennefeld est une Périchole dotée d’un abattage fascinant, gouailleuse et attachante, même quand elle jure. Le Piquillo du ténor Philippe Talbot est, dramatiquement, celui que décrit sa compagne dans la scène de la prison, mais quelle voix savoureuse de tenore di grazia ! Alexandre Duhamel en Don Andrès de Ribeira est un vice‑roi de qualité dont la voix de baryton claironne sans effort. Les trois cousines (Chloé Briot, Alix Le Saux, Valentine Lemercier) sont irrésistibles, tandis que Natalie Pérez (Frasquinella), Rodolphe Briand (Panatellas), Lionel Lhote (Hinoyosa), et Eddy Letexier (Tarapote) complètent une distribution de très bon niveau.


Dans la fosse, Laurent Campellone conduit le magnifique orchestre de l’Opéra de sa baguette virevoltante mais rigoureuse.



Christian Dalzon

 

 

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