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Moments de grâce et d’émotion pure

Poitiers
TAP
12/13/2022 -  et 7 février 2023 (Rouen)
Antonio Vivaldi : II Farnace, RV 711 : « Gelido in ogni vena » – Juditha triumphans, RV 644 : « Armatae face et anguibus » – Concerto pour luth en ré majeur, RV 93 – Ercole sul Termodonte, RV 710 : « Onde chiare che sussurrate » – Concerto pour violoncelle en sol mineur, RV 416
Georg Friedrich Haendel : Theodora, HWV 68 : « With darkness deep » & « As with rosy steps the morn advancing » – Joseph and his Brethren, HWV 59 : « Prophetic raptures swell my breast » – Solomon, HWV 67 : « Will the sun forget to streak » – Suite n° 4 en ré mineur, HWV 437 : III. Sarabande – The Triumph of Time & Truth, HWV 71 : « Guardian angels » – Semele, HWV 58 : « No, no, I’ll take no less »

Ensemble Jupiter : Lea Desandre (mezzo), Neven Lesage (hautbois), Louise Ayrton, Ruiqi Ren (violon), Jasper Snow (alto), Bruno Philippe (violoncelle), Doug Balliett (contrebasse), Tom Foster (clavecin, orgue), Thomas Dunford (luth, direction artistique)


(© Emmanuel Andrieu)


Quelques jours après son triomphe dans La Clémence de Titus de Mozart (aux côtés de Cecilia Bartoli) à la Philharmonie de Paris, c’est au TAP de Poitiers que l’on retrouve la jeune et brillante mezzo franco‑italienne Lea Desandre, accompagnée cette fois par l’Ensemble Jupiter avec lequel elle a enregistré des albums intitulés « Amazones », une compilation d’airs baroques rares, et « Eternal Heaven » – mais c’est à Vivaldi et Haendel qu’est entièrement consacré le récital de ce soir.


Elle débute la soirée par un incontournable de tout récital vivaldien, le fameux (et poignant) « Gelido in ogni vena » (Il Farnace), dont Cecilia Bartoli justement a fait l’un de ses chevaux de bataille. Sans posséder (encore) le registre grave de sa consœur italienne, on n’en admire pas moins la force de conviction de l’artiste, et l’émotion sincère qui l’étreint au fur et à mesure de cette longue aria, une émotion qui gagne également sans peine le public qui lui adresse de premiers vivats. Le programme se poursuit avec un extrait de l’oratorio Juditha triumphansque le Prete rosso composa en latin en 1716 pour les pensionnaires féminines de l’Ospedale della Pietà à Venise. S’inspirant du classique biblique, l’œuvre raconte le parcours de l’ombre à la lumière de cette émule de Dalila, Judith, qui libéra la ville de Béthulie de l’envahisseur Holopherne en le décapitant après l’avoir séduit. L’air retenu est « Armatae face et anguibus », une aria di furore à laquelle elle offre toute la véhémence requise et dans laquelle elle fait preuve d’une pureté désarmante dans les aigus et d’une souplesse de chaque instant dans la ligne de chant. Elle achève cette première partie avec la virevoltant « Onde chiare che sussurate » (extrait d’Ercole sul Termondonte), qui nous vaut – avec également le concours du hautbois extasié de Neven Lesage – un autre moment de grâce et d’émotion pure.


En seconde partie, ce sont des airs extraits d’oratorios (anglais) du Caro Sassone qu’elle interprète, dont deux de Theodora. Elle donne d’abord un air attribué à la rayonnante Theodora (« With darkness deep ») puis un autre dévolu à la plus moralisatrice Irene (« As with rosy steps »). Dans le premier, elle distille des aigus filés planants, tandis que le second offre un moment de grâce pure, empli de pathos. L’air de la Reine de Saba (dans Salomon) « Will the sun forget to streak » permet de goûter un peu plus à la beauté du timbre et à la vocalité exquise de la chanteuse, tandis que les vocalises de l’air « No, no I’ll take no less » (extrait de Semele) sont délivrées avec toute la justesse, la précision et la vélocité qui conviennent – même si la folie hystérique de cet air théâtral entre tous n’est pas complètement rendue quand il est détaché de son contexte scénique.


Et bien évidement, le concert sera entrecoupé de moments purement instrumentaux, comme avec le Concerto pour violoncelle en sol mineur de Vivaldi ou la fameuse Sarabande de la Quatrième Suite en ré mineur de Haendel, qui permettent de goûter à excellence de la formation baroque, ainsi que de ses solistes (virtuose violoncelle de Bruno Philippe !).


En bis, la mezzo reprend d’abord l’extrait de Juditha triumphans, puis une composition de la main de Thomas Dunford (qui chante avec elle), We are the ocean, each one a drop, qui conclut la soirée dans une ambiance jazzy et festive !



Emmanuel Andrieu

 

 

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