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Le tourbillon Vivaldi

Paris
Salle Gaveau
11/16/2022 -  
Antonio Vivaldi : L’Olimpiade, RV 725 : Ouverture & « Gèmo in un punto e fremo » – Orlando furioso, RV 728 : « Cara sposa » & « Sol da te, mio dolce amore » – Il Giustino, RV 717 : « Vedrò con mio diletto » & « Sento in seno ch’in pioggia di lagrime » – Farnace, RV 711 : « Gelido in ogni vena » – La fida ninfa, RV 714 : « Qual serpe tortuosa » – Concerto pour flûte à bec en do  mineur, RV 441 – Concerto pour cordes en sol mineur, RV 157 – Concerto pour flautino en do majeur, RV 443
Tim Mead (contre-ténor)
Les Musiciens de Saint‑Julien, François Lazarevitch (flûtes et direction)


(© Jean‑Baptiste Millot)


Dommage que la Salle Gaveau n’ait pas été davantage remplie ce soir alors que l’affiche et le compositeur donnaient à entendre un programme varié et haut en couleur. Car la fièvre Antonio Vivaldi fonctionne toujours aussi bien : comme le pointe très justement la très intéressante notice du programme de la salle, on aurait tort de considérer que Vivaldi a sans cesse composé le même concerto et que, même quand il met la voix à l’honneur, c’est en fait pour un instrument comme le violon qu’il aurait finalement composé. La diversité est le maître mot, on en aura encore eu la preuve durant ce concert.


Même si le thème de la soirée, qui s’intitulait « Antonio Vivaldi, Voix, Flûte et Virtuosité », semblait mettre en premier lieu la voix à l’honneur, c’est peut‑être elle qui nous aura le moins ébloui. Non pas que Tim Mead n’ait pas été à la hauteur des partitions qu’il avait à interpréter ! On aura parfois senti des aigus un peu tendus (l’air « Cara sposa » tiré d’Orlando furioso) mais le contre‑ténor anglais a su tour à tour jouer sur la véhémence (enthousiasmant « Gèmo in un punto e fremo » !), sur le désespoir le plus total (l’air extrait de Farnace) ou sur le chant empli d’une peine quelque peu voilée (le célèbre air « Vedrò con mio diletto » d’Il Giustino) avec la même conviction et une technique toujours très sûre. L’émission est belle, la projection maîtrisée (le chanteur jouant sur un éventail de nuances très étendu), la prononciation de la langue de Dante pourrait sans doute être meilleure mais le résultat est des plus convaincants, Tim Mead continuant d’affirmer son statut parmi les chanteurs qui comptent notamment sur la scène baroque (souvenons‑nous de ses interprétations haendéliennes, que ce soit dans Rodelinda ou plus récemment dans Le Messie).


Non, le « problème » en quelque sorte est venu des Musiciens de Saint‑Julien et surtout de François Lazarevitch, qui lui auront finalement volé la vedette ! On connaît depuis longtemps les talents immenses de ce musicien, aussi à l’aise à la flûte (ou plutôt, et il l’aura de nouveau démontré ce soir, aux flûtes) qu’à la musette, dont il est un interprète hors pair (voir ici). Le visage sévère, le catogan discret et la veste en velours noir austère, François Lazarevicth nous aura ce soir offert un véritable festival.


Dans l’air tiré d’Orlando furioso, « Sol da te, mio dolce amore », lancé par le traverso, c’est ainsi bien vite la flûte qui nous envoûte au détriment de la voix, qui apparaît tout d’un coup secondaire. Inutile de dire que dans les concertos pour flûte, ce fut un véritable triomphe. L’art du détaché, de l’articulation, l’opposition farouche entre une technique du soliste époustouflante et les notes longues de l’accompagnement orchestral (dans l’Allegro conclusif) firent merveille dans le Concerto RV 441 interprété à la flûte droite. Quant au célèbre Concerto RV 443 pour flûte à bec, il souleva l’enthousiasme du public, dont une grande partie ne put s’empêcher d’applaudir dès la fin d’un premier mouvement virevoltant.


Il ne faudrait pas non plus passer sous silence le jeu des Musiciens de Saint‑Julien, dirigés par François Lazarevitch, d’où émergent à l’évidence les personnalités du premier violon solo Josef Zák, du violoncelliste Patrick Langot et de Chloé Lucas à la contrebasse, cette dernière irradiant un magnétisme, par son engagement et son écoute palpable, dont il est difficile de se détacher une fois qu’on l’a remarqué.


Face aux applaudissements nourris, François Lazarevitch et les siens nous plongèrent, pour les bis, dans l’Angleterre du XVIIe siècle, avec la très belle chanson « Drive the call winter away » et des contredanses (qui permirent au maître d’œuvre de la soirée de troquer avec le même succès ses flûtes pour une musette), extraits de leur dernier disque « The Queen’s Delight », édité chez Alpha comme d’habitude pour cet ensemble.


Le site des Musiciens de Saint‑Julien et de François Lazarevitch
Le site de Tim Mead



Sébastien Gauthier

 

 

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