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Saga historique

Paris
Palais Garnier
10/25/2022 -  et 26, 27*, 28, 29 octobre, 1er, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12 novembre 2022
Mayerling
Kenneth MacMillan (chorégraphie), Franz Liszt (musique), John Lanchbery (arrangements, orchestration)
Stéphane Bullion/Mathieu Ganio/Hugo Marchand/Paul Marque* (Prince Rudolf), Dorothée Gilbert/Hohyun Kang*/Hannah O’Neill/Ludmila Pagliero (Baronne Mary Vetsera), Héloïse Bourdon*/Laura Hecquet/Hannah O’Neill (Comtesse Marie Larisch), Marine Ganio*/Charline Giezendanner/Eléonore Guérineau/Silvia Saint‑Martin (Princesse Stephanie), Yann Chailloux/Grégory Dominiak* (Empereur Franz Joseph), Camille Bon/Héloïse Bourdon/Laura Hecquet/Roxane Stojanov * (Impératrice Elizabeth), Bleuenn Battistoni/Valentine Colasante/Eléonore Guérineau*/Roxane Stojanov (Mitzi Caspar), Jack Gasztowtt/Axel Magliano/Marc Moreau*/Andréa Sarri/Nikolaus Tudorin (Bratfisch), Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Martin Yates (direction musicale)
Nicholas Georgiadis (décors, costumes), John B. Read (lumières)


(© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Doit‑on présenter au public français Sir Kenneth MacMillan (1929‑1992), l’un des plus célèbres chorégraphes outre‑Manche ? Peut‑être, car si son formidable ballet en trois actes L’Histoire de Manon d’après le roman de l’abbé Prévost, très judicieusement réglé sur la musique de Massenet (à l’exception de celle de son opéra Manon), est depuis 1990 un des piliers du répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP), dans lequel se sont illustrées de grandes danseuses étoiles de la compagnie (Sylvie Guillem et Aurélie Dupont, entre autres), sa popularité est bien moindre qu’au Royaume‑Uni où, trente ans après sa disparition, nombre de ses chorégraphies sont encore dansées sur la scène du Royal Opera de Covent Garden. La plus célèbre est probablement Roméo et Juliette, immortalisée en 1965 par Margot Fonteyn et Rudolf Noureev.


Mayerling, créé par le Royal Ballet en 1978 avec Lynn Semour et David Wall sur des musiques de Franz Liszt, date de la fin de la période faste pendant laquelle le danseur et chorégraphe écossais était à la tête du Royal Ballet, où il avait succédé en 1970 à Frederick Ashton. C’est pendant une représentation de la reprise ce ballet en 1992 qu’il mourut terrassé par une crise cardiaque et que son décès fut annoncé au public après la scène finale d’inhumation de l’Archiduc Rodolphe.

C’est donc un hommage pour le trentième anniversaire de sa disparition que le BOP lui rend en faisant entrer à son répertoire cette chorégraphie en trois actes, véritable saga historique qui narre un épisode tragique de l’Empire austro‑hongrois, le suicide de l’archiduc Rodolphe, fils de l’empereur François‑Joseph et de Sissi et héritier du trône d’Autriche, en compagnie de sa maîtresse, la baronne Mary Vetsera, encore mineure, dans le pavillon de chasse de Mayerling, près de Vienne, en 1889. Le ton est donné dès la lecture du programme de scène : « Tous les ingrédients sont réunis pour la naissance d’une légende : une histoire d’amour, un arrière-plan politique, une vérité́ tronquée, la disparition d’un cadavre. » De fait, on suit avec les yeux d’un spectateur de cinéma, ce long récit dont les personnages ont tous une histoire tourmentée. C’est à la fois la force et la faiblesse de cette chorégraphie riche en longueurs et qui, à force de vouloir épouser la psychologie des personnages, est souvent un peu trop riche et alambiquée. Mais elle comporte quelques moments de danse magnifique, notamment pour son héros Rodolphe, présent sur scène d’un bout à l’autre et que MacMillan a gratifié de six grands pas de deux spectaculaires et de portés acrobatiques.


La distribution que l’on a pu voir n’était pas aussi prestigieuse que celles des deux premières, confiant les rôles principaux à deux jeunes danseurs, l’étoile Paul Marque et la coryphée Hohyun Kang. Les deux s’en tirent fort bien mais si Paul Marque n’a pas au premier acte la grande distinction naturelle pour camper ce prince, il se révèle magistral dans les scènes finales dans sa lente descente aux enfers, et Hohyun Kang est parfaite d’ingénue fraîcheur dans le rôle très pervers de sa jeune maîtresse. Les nombreux rôles secondaires sont parfaitement tenus (Marc Moreau superbe Bratfisch, Héloïse Bourdon magnifique comtesse Larisch, l’impératrice Sissi de Roxane Stojanov) et tiennent à bout de bras avec de fortes qualités théâtrales le récit qui se déroule dans les décors opulents, de somptueux costumes d’époque de Nicholas Georgiadis avec quelques scènes de genre (la Taverne, le bal à la Hofburg, l’anniversaire de l’empereur avec feu d’artifice et divertissements) magnifiquement réglées tout comme l’ensemble de la chorégraphie qui a dû demander un considérable travail aux maîtres de ballet et répétiteurs.


Seule ombre au tableau, la direction militaire et bruyante de Martin Yates d’une une partition certes peu passionnante (un patchwork d’œuvres très inégales de Liszt dont l’arrangement par John Lanchbery est loin d’être aussi réussi que ce qu’avait signé Leighton Lucas pour L’Histoire de Manon), à la tête d’un Orchestre de l’Opéra très peu motivé. Un moment musical de grâce cependant quand Andrea Turra, dans le rôle de Katharina Schratt accompagnée au piano par Alfred Grünfeld, chante sur scène le lied Ich scheide de Liszt devant l’Empereur (incarné par Grégory Dominiak) pour son anniversaire.



Olivier Brunel

 

 

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