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La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.

München
Nationaltheater
10/26/2022 -  et 30 octobre, 2, 5, 7, 10 novembre 2022, 15, 17 juillet 2023
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Louise Alder (Fiordiligi), Avery Amereau (Dorabella), Sandrine Piau (Despina), Konstantin Krimmel (Guglielmo), Sebastian Kohlhepp (Ferrando), Christian Gerhaher*/Johannes Martin Kränzle (Don Alfonso)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Kamila Akhmedjanova (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski (direction musicale)
Benedict Andrews (mise en scène), Magda Willi (décors), Victoria Behr (costumes), Mark Van Denesse (lumières), Katja Leclerc (dramaturgie)


A. Amerau, L. Alder, S. Piau (© Wilfried Hösl)


Così fan tutte est, de tous les opéras de Mozart, le plus difficile à monter, moitié comédie, moitié tragédie et surtout une histoire bien misogyne. Le défi de toute production est de savoir comment rendre justice à ces facettes sans tomber dans des mièvreries un peu faciles.


De ce point de vue, Benedict Andrews annonce clairement le jeu en faisant apparaître au début un néon dans lequel est écrit la scuola degli amanti, passant du blanc brillant à une couleur jaune un peu sale. C’est la même couleur que l’on retrouve immédiatement dans la chambre de Don Alfonso dans un masque de cuir donnant quelque monnaie à une soubrette en train de se rhabiller. Dans la pièce se trouvent un matelas un peu sale ainsi qu’un château de poupées avec des couleurs à la Disney. En quelques minutes, le ton est donné et la production reprendra sous différentes formes ces objets sans jamais pouvoir faire harmoniser ces deux éléments et personne ne ressortira indemne de cette mauvaise farce. La souffrance est un bon professeur dit le proverbe...


Il y a beaucoup d’intelligence dans cette conception soutenue par de jeunes chanteurs-acteurs très convaincants. Certains éléments de comédie sont très réussis mais il y a quelques petits défauts qu’il faut cependant évoquer. Il y a par moments quelques effets un peu vulgaires voire faciles qui n’apportent rien. Il y a surtout un choix de donner l’œuvre avec tous les récitatifs et tous les airs. Ce Così dure quatre bonnes heures, entracte compris et cela fait trop. Il y a deux ans, le Festival de Salzbourg avait présenté, pandémie oblige, une version compacte de deux heures et demie sans entracte sélectionnée par le tandem Joanna Mallwitz et Christof Loy. C’est bien évidemment pour des raisons objectives de santé que cet opéra avait été ainsi présenté ainsi mais l’ensemble était très convaincant et profond.


Les deux couples sont tenus par de jeunes chanteurs de grand talent. Louise Alder a de très beaux aigus (et annonce de façon sympathique sur Twitter qu’elle attend un heureux événement, félicitations...). A ses côtés, Avery Amereau trouve de superbes phrasés et a un timbre de velours. Les hommes prennent un moment pour trouver leurs marques, ce qui arrive aux premières, Konstantin Krimmel ayant eu le covid durant les répétitions, mais ils font preuve d’assurance durant le second acte. Sandrine Piau est une Despina légère, pleine d’assurance. Christian Gerhaher est l’immense chanteur que l’on connaît mais il a simplement tendance à forcer par moments.


A l’orchestre, Vladimir Jurowski s’inspire des pratiques baroques : cors naturels, absence de vibrato aux cordes... La fosse est un peu relevée pour faire en sorte que les musiciens soient entendus dans cette salle faite pour du Wagner. Il y a de très beaux moments et la mise en place est de grande qualité mais certains tempi sont un peu heurtés et surtout, il manque une certaine ligne mozartienne. Un chef comme René Jacobs nous a montré qu’il est possible de « baroquiser » Mozart tout en conservant sa théâtralité et le flot (voir ici), ce que Jurowski malgré son talent, ne parvient pas à réaliser.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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