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Osmose

Paris
Théâtre des Champs‑Elysées
10/03/2022 -  et 29, 30 septembre, 1er (Rotterdam), 2 (Dortmund) octobre 2022
Jörg Widmann : Con brio
Antonín Dvorák : Concerto pour violon en la mineur, opus 53, B. 108
Johannes Brahms : Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68

Hilary Hahn (violon)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Lahav Shani (direction)


L. Shani (© Marco Borggreve)


Le temps passe mais la résidence de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam engagée du temps de Yannick Nézet‑Séguin, le précédent directeur musical, se poursuit avec son successeur, Lahav Shani, en poste depuis septembre 2018. Et ceci pour le plus grand bonheur d’un public ce soir nombreux et à juste titre comblé par ce nouveau passage avenue Montaigne.


La courte pièce de Jörg Widmann qui débute le concert est facile d’accès, très rythmique et de belle facture. On y entend notamment une utilisation atypique des vents, en particulier des flûtes, et de la percussion qui n’est pas sans intérêt. La réalisation est impeccable sous la direction précise et efficace du chef israélien.


A l’accueil ensuite réservé à Hilary Hahn, on sent qu’une large partie du public est venue ce soir pour écouter la grande violoniste américaine. Ils n’ont pu être déçus tant l’interprétation du Concerto de Dvorák de ce soir est limpide et naturelle. Ce concerto, assez rare au concert si on le compare à ceux de Beethoven, Brahms ou Sibelius, est ici parfaitement mis en valeur. Hilary Hahn y fait preuve de ses qualités habituelles d’intonation, de précision et de musicalité. Dans les deux premiers mouvements, le dialogue, en parfaite osmose avec les vents puis les cuivres de l’orchestre, est une vraie réussite. Le final déborde d’une joie simple très bien rendue par le chef, sa soliste et l’orchestre. En somme, un magnifique concerto donc, que l’on aimerait entendre plus souvent. Aux fans nombreux et heureux ce soir, Hilary Hahn offre dans un silence quasi religieux trois bis lumineux de Bach.


Place ensuite à une Première Symphonie de Brahms d’une puissance rare sous la direction à la fois décontractée et tendue de Lahav Shani, qui, à 32 ans, fait preuve d’une incroyable maturité. Le son est plein, le legato travaillé et parfaitement assumé et les contrastes sont au rendez‑vous dans une lecture classique d’allure germanique. Elle n’étonne pas quand on connaît le parcours du chef, qui a beaucoup côtoyé Daniel Barenboim. Il se dit même que ce dernier verrait bien en Lahav Shani son successeur à la tête de l’Orchestre du divan occidental‑oriental.


Dès l’introduction, les coups de timbale impressionnent et plantent le décor pour une interprétation lyrique, puissante et affirmée avec un sens aigu de la progression et de la ligne que l’on retrouvera durant toute la symphonie. Le deuxième mouvement montre un Lahav Shani toujours lyrique, qui fait chanter son orchestre dans une belle lumière sombre très brahmsienne. Le troisième mouvement, plus champêtre d’esprit, est dominé par de belles interventions des bois et des cuivres qui dialoguent avec des cordes très sollicitées par le chef, qui construit ici aussi un beau et élégant dialogue orchestral. Le dernier mouvement, élaboré sur la durée, dégage une force toute concentrique conduisant avec panache, mais sans excès, vers l’apothéose finale. En somme un Brahms lyrique, charpenté, contrasté, à la fois élégant et puissant comme on l’aime.


Une violoniste immense, un orchestre superbe jouant collectif, un chef de grand talent et une belle osmose entre ces magnifiques interprètes ont certainement fait de ce moment un des grands concerts de la rentrée.



Gilles Lesur

 

 

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