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Quarante-trois années magiques

München
Herkulessaal
09/29/2022 -  et 30 septembre 2022
Claude Debussy : Prélude à l’après‑midi d’un faune
Maurice Ravel : Shéhérazade
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Ravel)

Siobhan Stagg (soprano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Tugan Sokhiev (direction)


H. Profanter (© Astrid Ackermann )


Premiers pas de Tugan Sokhiev en tant que chef invité de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise et premier programme franco‑russe pour cette nouvelle saison 2022‑2023.


Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le chef ossète a démissionné des deux postes qu’il occupait, que ce soit au Bolchoï ou au Capitole de Toulouse. Il a déjà dirigé l’Orchestre philharmonique de Munich, qu’il retrouvera plus tard cette saison, et, comme pour Joshua Weilerstein, qui dirigeait pour le concours de l’ARD, il serait plus que logique que de tels talents retrouvent rapidement la direction musicale d’ensembles dignes de leur niveau.


A la flûte, Henrik Wiese lance le solo du Prélude à l’après‑midi d’un faune avec beaucoup de liberté... et un peu moins de legato qu’usuellement. L’orchestre trouve beaucoup de finesse et de nuances dans cette musique française qui lui est moins familière que les classiques allemands. L’ensemble est très « chambriste », avec beaucoup de clarté aux bois et cordes. Ces dernières montrent à nouveau leurs qualités avec des coups d’archets très homogènes, trouvant ainsi couleurs dans toutes les nuances. Le support harmonique des cordes « centrales », altos et seconds violons, est plus marqué que d’habitude et le chef demande un portamento un peu marqué aux cordes dans les dernières pages de l’œuvre mais l’ensemble se dégage une atmosphère pleine de magie.


Siobhan Stagg est Australienne. Les mélomanes genevois se souviennent de l’avoir entendue il y a quelques années dans le rôle de Marcelline de Fidelio et dans Alcina. La qualité de son français est remarquable. En dépit de la tessiture élevée, chaque mot est parfaitement compréhensible et elle sait jouer avec le texte. Chef et orchestre l’accompagnent avec soin en prenant attention aux équilibres. A nouveau, l’atmosphère est rapidement établie et l’ensemble est mystérieux et poétique à souhait.


Les Tableaux d’une exposition ont été orchestrés par Maurice Ravel mais l’œuvre est sans nul doute d’inspiration russe. Sokhiev sait trouver beaucoup de flamboyance à son orchestre. Les équilibres sont travaillés et le son ne sature jamais. Martin Angerer lance la promenade avec brillant. Certains passage qui peuvent être parfois « savonnés » par les cordes sont ici rendues avec une précision étonnante. Voici en fin de compte une soirée de très haut niveau à propos de laquelle le seul commentaire que l’on pourrait faire est que ce concert est un peu plus court que d’ordinaire.


Juste avant les Tableaux, Uwe Schrodi avait pris la parole pour expliquer que son collègue, l’excellent tromboniste Hansjörg Profanter, donnait son dernier concert avec de prendre sa retraite, après quarante‑trois années dans l’orchestre. Combien de musiciens peuvent raconter avoir joué sous la baguette de Rafael Kubelík et tant d’autres légendes ?


Cette saison sera encore une année de transition avant que le futur directeur musical, Sir Simon Rattle, soit en poste. Ce dernier sera là pour une version de concert de Siegfried, tandis que son successeur à la Philharmonie de Berlin dirigera Elias de Mendelssohn. Marie Jacquot, ancienne assistante de Petrenko, dirigera la rareté qu’est la Symphonie en fa mineur de Richard Strauss. Daniel Harding dirigera la Septième de Mahler. Kirill Gerstein et Tabea Zimmermann seront les artistes en résidence. L’orchestre retrouvera le nec plus ultra des chefs en activité : Christian Thielemann, Zubin Mehta, Manfred Honeck, Sir John Eliot Gardiner, Herbert Blomstedt, Iván Fischer, Pablo Heras‑Casado et tant d’autres. Dans quarante‑trois ans, peut‑être un autre musicien se retirera‑t‑il et évoquera avec autant d’émotion la musique réalisée en 2002‑2023 avec tant de grands artistes.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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