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Un interprète habité

Montpellier
Cathédrale Saint-Pierre
07/20/2022 -  
Johann Sebastian Bach : Fantaisie et Fugue en ut mineur, BWV 537
Jacques Arcadelt/Franz Liszt : Ave Maria, S. 183 n° 2
Alexandre-Pierre-François Boëly : Douze Pièces, opus 18 : 6. « Fantaisie et fugue en si bémol majeur »
César Franck : Troisième Choral en la mineur, FWV 40 – Pastorale en mi majeur, opus 19, FWV 31
Olivier Messiaen : Livre du Saint‑Sacrement : 3. « Le Dieu caché »
Jehan Alain : Deuxième Fantaisie, JA 117
Marcel Dupré : Quatre Pièces, opus 19 : 2. Cortège et Litanie »
Olivier Latry : Improvisation

Olivier Latry (orgue)


O. Latry (© Marc Ginot)


Nommé cotitulaire des grandes orgues de Notre‑Dame de Paris en 1985, alors qu’il n’avait que 23 ans, Olivier Latry s’est imposé depuis comme l’un des organistes les plus reconnus de sa génération, du fait de sa grande probité, autant technique qu’artistique. Sa programmation constante des compositeurs français (voir notamment l’intégrale des œuvres d’Olivier Messiaen menée dans les années 2000), comme du répertoire contemporain (voir notamment en 2015 les Vêpres d’Hersant), lui donne une aura bien au‑delà de notre pays, qui fait de sa présence à Montpellier un événement salué par un public venu en nombre, malgré la chaleur étouffante dans la vaste cathédrale Saint‑Pierre.


A nul autre pareil avec ses dimensions massives et son portail spectaculaire, l’aspect extérieur rappelle les origines médiévales de l’édifice, véritable forteresse défensive pour parer aux attaques menées lors des guerres de religion, au XVIe siècle. L’intérieur de la cathédrale comporte une décoration qui évoque davantage le XIXe siècle, à l’exception du grand orgue, construit en 1778. Restauré voilà un peu plus de dix ans, l’instrument imposant résonne majestueusement dans toute la nef, bénéficiant du toucher cristallin d’Olivier Latry, très agile tout du long.


Le programme, admirablement conçu par sa variété, étonne d’emblée par la Fantaisie et Fugue en ut mineur (1716) de Bach au début fascinant d’introspection, qui fait peu à peu émerger la lumière – le tout exécuté avec une grande lisibilité, bien déliée. Le contraste n’en est que plus saisissant avec la fugue étourdissante qui s’enchaîne, toujours en maîtrise, apportant une certaine ivresse pour conclure la pièce. Retour à la délicatesse et à l’épure avec l’Ave Maria (1862) de Liszt, d’après une mélodie de Jacques Arcadelt, souvent murmurée par endroits. Un motif de cette courte pièce, pourtant peu mélodique, a semble-t-il inspiré Saint‑Saëns dans sa Troisième Symphonie (1886)... dédiée à la mémoire de Liszt. Place ensuite à l’un des grands compositeurs pour l’orgue du XIXe siècle en la personne d’Alexandre-Pierre-François Boëly (1785‑1858), dont la Fantaisie et Fugue en si bémol (1840) toute de robustesse et de virilité, convoque toutes les ressources virtuoses de l’instrument.


Les deux pièces de Franck qui suivent montre un compositeur à la recherche de sonorités crépusculaires et enveloppantes, avant de céder peu à peu aux élans rythmiques et aux motifs entêtants en scansion. Le langage atonal plus déroutant de Messiaen, aux multiples méandres sinueux, trouve en Latry un défenseur habité, de même que dans la courte pièce, lunaire et épurée, de Jehan Alain (le frère de Marie‑Claire, bien connue des amateurs d’orgue). On retrouve un ton plus spectaculaire et tragique chez Marcel Dupré, avant qu’Olivier Latry n’improvise sur le thème de la chanson « A la claire fontaine » pour conclure le concert, en autant de variations surprenantes et inventives, suivies, en bis, de « Légende » de Louis Vierne.



Florent Coudeyrat

 

 

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