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Don Giovanni au sommet

Verbier
Salle des Combins
07/16/2022 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Peter Mattei (Don Giovanni), Alexandros Stavrakakis (Il Commendatore), Olga Peretyatko (Donna Anna), Bogdan Volkov (Don Ottavio), Magdalena Kozená (Donna Elvira), Mikhail Petrenko (Leporello), Julien Van Mellaerts (Masetto), Anna El‑Khashem (Zerlina)
Chœur de l’Atelier lyrique de l’Académie, Verbier Festival Chamber Orchestra, Gábor Takács‑Nagy (direction musicale)
David Sakvarelidze (mise en espace), Aline Foriel‑Destezet (conception vidéo)


(© Nicolas Brodard)


Après un concert d’ouverture passablement modifié (Gianandrea Noseda remplaçant Valery Gergiev à la baguette, programme mêlant ouvrages ukrainiens et russes du XXe siècle, avec pour soliste une jeune pianiste ukrainienne, Anna Fedorova, qui a fait partie de l’Académie du festival), le Festival de Verbier a présenté un opéra en version concertante, comme c’était déjà le cas ces dernières années. Don Giovanni a eu les honneurs de la salle des Combins ; le chef‑d’œuvre de Mozart aurait dû être présenté en 2020, mais la pandémie en a décidé autrement. Disons‑le d’emblée : c’est à une splendide exécution que le public a eu droit, grâce à une distribution de tout premier plan, particulièrement homogène et équilibrée, et à une direction musicale vive et alerte.


Dans le rôle‑titre, Peter Mattei est tout simplement magnifique en séducteur un rien blasé, comme revenu de tout, nonchalant et désinvolte, les mains souvent dans les poches, charmeur rusé, mais qui sait aussi se faire prédateur, notamment dans l’Air du champagne. Son sens des nuances, le soin apporté à chaque mot et à chaque phrase ainsi qu’une belle projection complètent ce portrait d’anthologie. Le séducteur impénitent est un rôle que le chanteur suédois a désormais fait sien. Le Leporello de Mikhail Petrenko est l’exact opposé de son maître : véritable pile électrique ne tenant jamais en place, il en fait des tonnes et son chant est des plus expressifs, même si le legato fait parfois défaut. Bogdan Volkov est un Don Ottavio de très grande classe, digne et élégant, au chant raffiné et délicat. Ancien élève de l’Académie lyrique, Julien Van Mellaerts incarne pour son tout premier Masetto un personnage de belle tenue.


Chez les dames, on mentionnera en premier la superbe Elvira de Magdalena Kozená (une prise de rôle pour elle aussi, et quelle prise de rôle !), femme trahie particulièrement émouvante, mais dont la rage et le désespoir ne quittent pratiquement jamais le visage. Anna El‑Khashem campe une Zerlina enjôleuse qui ne s’en laisse pas conter, au chant agile et lumineux. Olga Peretyatko séduit en Donna Anna à la voix ronde et charnue, même si le chant paraît parfois un peu maniéré. On n’oubliera pas non plus l’impressionnant Commandeur à la voix abyssale d’Alexandros Stavrakakis. Malgré quelques décalages (le chef tourne le dos aux chanteurs), Gábor Takács‑Nagy offre une interprétation vive et tonique, toujours soucieux de la tension dramatique. Quand bien même la musique et le chant suffisent à remplir la soirée, surtout quand ils atteignent de tels sommets, la mise en espace de David Sakvarelidze procure un supplément de vie et de surprises aussi, avec en toile de fond plusieurs écrans projetant des tableaux choisis par Aline Foriel‑Destezet qui ne sont pas sans rappeler l’univers de De Chirico et de Magritte ou encore celui dans la BD, avec le rouge comme couleur prédominante. Ce Don Giovanni exceptionnel restera dans les annales du Festival de Verbier.



Claudio Poloni

 

 

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