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Mythes revisités

Bordeaux
Grand-Théâtre
07/01/2022 -  et 3, 4*, 5, 6, 7, 8, 10 juillet 2022
Mythologies
Angelin Preljocaj (chorégraphie), Thomas Bangalter (musique)
Ballet Preljocaj, Ballet de l’Opéra national de Bordeaux
Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Romain Dumas (direction musicale)
Adrien Chalgard (scénographie), Eric Soyer (lumières), Adeline André (costumes), Nicolas Clauss (vidéo)


(© Jean-Claude Carbonne)


Mythologies, dernière création d’Angelin Preljocaj, projet ambitieux qui associe son travail à la commande d’une partition au musicien Thomas Bangalter, est comme toujours un travail chorégraphique extrêmement soigné et rigoureux mais a quelque chose d’inabouti. L’osmose entre la fluidité de la danse et la rigueur quasi cinématographique de la musique ne se fait pas toujours idéalement.


Fruit longuement mûri d’un projet de collaboration entre le Ballet Preljocaj et le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, lequel a déjà mis à son répertoire deux chorégraphies de Preljocaj, Blanche-Neige et La Stravaganza, Mythologies est dansé par dix participants de chacune des compagnies. Dans ce projet s’immisce celui de réaliser une chorégraphie sur la musique de Thomas Bangalter, ex‑partenaire du duo Daft Punk, dont Preljocaj avait utilisé la musique électronique dans Gravité. La création a naturellement eu lieu au Grand‑Théâtre de Bordeaux avec l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine et le spectacle voyagera dès la rentrée, donné soit avec de la musique enregistrée, comme au festival Le Temps d’Aimer la Danse à Biarritz les 8 et 9 septembre, à la Maison de la Danse de Lyon du 14 au 18 septembre, à l’Opéra de Limoges les12 et 13 novembre et à l’Opéra royal de Versailles du 14 au 18 décembre, ou avec un orchestre dans la fosse, à l’Opéra de Rouen du 14 au 16 octobre et pour la reprise à Paris au Théâtre du Châtelet avec l’Orchestre de chambre de Paris dans le cadre du Théâtre de la Ville « Hors les murs » du 22 octobre au 5 novembre. Après les premières séries de représentations avec les danseurs du Ballet Preljocaj et du Ballet de l’Opéra de Bordeaux, les deux compagnies reprendront chacune la pièce à leur répertoire et poursuivront la tournée avec leurs danseurs.


Dans une scénographie très raffinée d’Adrien Chalgard, décor minimaliste, la vidéo de Nicolas Clauss et les superbes lumières d’Eric Soyer créant des atmosphères et climats toujours aussi magiques, Mythologies, avec une vingtaine de tableaux très bien équilibrés, est un spectacle de 90 minutes avec des costumes somptueux d’Adeline André, styliste formée à la haute couture chez Christian Dior, soulignant les lignes statuaires des danseurs.


SI les duos sont ce qui frappe le plus dans ces Mythologies, chaque tableau puissamment évocateur de mythes empruntés à la Grèce antique, aux Mayas, mais aussi aux mythes contemporains, le catch, la guerre, est un régal pour l’œil avec des attitudes et des postures d’un grand raffinement, dansés de façon superlative et virtuose par ces vingt danseurs dont on serait bien en peine de distinguer à quelle compagnie ils appartiennent tant la danse est fluide et les échanges si minutieusement réglés. A la fin, avant de conclure sur un tableau belliqueux qui nous montre la guerre évoquée au travers des âges, Preljocaj nous donne à voir en vidéo des gros plans sur les vingt admirables danseurs des deux compagnies.


Dans le programme de salle, on est surpris de ne pas trouver de déroulé permettant de suivre avec précision l’origine de ces mythologies ; or si les Amazones, Icare, le Minotaure ou Zeus, on l’espère, n’échappent à personne, la liste des références du chorégraphe nous semble plus utile que cinq pages des Mythologies de Roland Barthes, à qui il a certes emprunté le mythe du monde où l’on catche mais dont les relents sociologiques nous semblent bien éloignés de son univers poétique.


Thomas Bangalter s’est radicalement éloigné de ses origines électroniques pour composer une partition symphonique de très belle facture, tonale et mélodique, assez kaléidoscopique de style, dans laquelle on peut se livrer au jeu des influences, principalement les compositeurs minimalistes américains, les grands compositeurs pour le cinéma mais aussi les baroques, un des numéros les mieux composés étant un long mouvement fugué. L’Orchestre national Bordeaux Aquitaine rend justice à ce travail mais le jeune chef Romain Dumas s’est laissé piéger par l’acoustique très sèche de la salle : vents et cuivres l’emportant trop souvent sur les cordes, l’orchestre nous a semblé envahir beaucoup trop l’espace. Est‑ce cela qui en partie n’a pas permis une osmose idéale entre les deux composantes du spectacle ? Cet équilibre sera‑t‑il réparé quand il sera dansé sur la musique enregistrée ? Autant de questions auquel l’avenir de ce nouveau travail d’un chorégraphe qui nous surprendra toujours répondra peut‑être.



Olivier Brunel

 

 

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