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Intégrité artistique mais...

München
Nationaltheater
06/29/2022 -  et 3, 7 juillet 2022, 11, 14, 16 mars2023
Krzysztof Penderecki : Die Teufel von Loudun
Ausrinė Stundytė (Jeanne), Ursula Hesse von den Steinen (Claire), Nadezhda Gulitskaya (Gabrielle), Lindsay Ammann (Louise), Danae Kontora (Philippe), Nadezhda Karyazina (Ninon), Jordan Shanahan* & Robert Dölle*/Wolfgang Koch (Grandier), Martin Winkler (Père Barré), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Baron de Laubardemont), Andrew Harris (Père Rangier), Ulrich Ress (Père Mignon), Kevin Conners (Adam), Jochen Kupfer (Mannoury), Thiemo Strutzenberger (D’Armagnac), Barbara Horvath (De Cerisay), Sean Michael Plumb (Prince Henri de Condé), Martin Snell (Père Ambrose), Christian Rieger (Bontemps), Camilla Saba Davies, Elisa de Toffol, Tina Drole, Albina Gitman, Laura Hilden, Ulrike Malotta, Anna Avdalyan, Helene Böhme, Antje Lohse, Rebecca Suta, Mechtild Söffler, Mengting Wu (Ursulines)
Chor und Extrachor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski (direction musicale)
Simon Stone (mise en scène), Bob Cousin (décors), Mel Page (costumes), Nick Schlieper (lumières), Malte Krasting (dramaturgie)


(© Wilfried Hösl)


Le Festival d’opéra de Munich édition 2022 a démarré hier avec cette représentation des Diables de Loudun de Penderecki, en présence de la veuve du compositeur.


Wolfgang Koch, qui devait chanter le rôle du Père Grandier, a été testé positif au covid‑19 et a dû annuler sa participation. Il a été remplacé par deux artistes : Jordan Shanahan, qui chantait dans la fosse, et sur scène par l’acteur Robert Dölle. Serge Dorny est venu sur scène pour les remercier. Le public munichois, qui sait combien de démons hantent les maisons d’opéra les a chaleureusement applaudis.


Dans ses mémoires, Rolf Liebermann évoque les difficultés de la création de cette œuvre et en particulier le défi d’avoir demandé au compositeur de supprimer les passages ad libitum. Cet opéra est d’une rare intensité. Inspiré du livre d’Aldous Huxley, il raconte les scènes d’exorcisme et le procès en sorcellerie du père Urbain Grandier qui avait publié des écrits critiquant Richelieu et qui fut condamné, torturé puis brûlé vif par des fanatiques religieux. Ces derniers moments sont d’une terrible intensité et viennent après des scènes de possession qui sont également terribles. Durant la représentation, plusieurs spectateurs ont eu des malaises et ont dû être évacués.


Le travail réalisé par les artistes est très impressionnant et montre à quel point ceux‑ci croient en cette œuvre. Comme il en est familier, Simon Stone transpose l’action à nos jours et utilise un décor circulaire pour illustrer les très nombreuses scènes de l’opéra. Le dispositif est très efficace et permet à l’action d’avancer avec clarté et beaucoup de variété. La direction d’acteurs est superbe et en même temps sert aussi la musique. Contrairement à la récente production peu convaincante des Troyens dans cette même salle, il fait très attention à ce que les chanteurs soient bien situés sur la scène. C’est un travail de très grande qualité.


Les deux protagonistes qui jouent le rôle de Grandier s’avèrent très convaincants. Jordan Shanahan a une excellente projection et fait très attention à son texte. Sur scène, Robert Dölle montre ce qu’un acteur de théâtre peut apporter à un texte. Ausrinė Stundytė a beaucoup d’intensité et les scènes de possession avec les effets de sonorisation se révèlent assez efficaces. Les nombreux rôles secondaires sont très bien distribués comme c’est toujours le cas à Munich, en particulier Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Kevin Conners, Jochen Kupfer, Martin Winkler, Sean-Michael Plumb et Ulrich Ress sont glaçants. La jeune soprano grecque Danae Kontora a quelques superbes phrases avec des aigus très perçants. Au pupitre, Vladimir Jurowski fait très attention à soutenir ses chanteurs. Les équilibres sont très travaillés. A nouveau, le soin, le talent et l’intégrité apportés à rendre justice à cet opéra sont simplement évidents et patents.


Mais si je peux me permettre, à l’issue de cette soirée, cet opéra est‑il réellement convaincant ? C’est moitié une pièce, moitié théâtre parlé et opéra chanté. Les personnages n’évoluent pas. Le langage harmonique et les effets orchestraux sont originaux mais il n’y a pas vraiment de ligne musicale. Des œuvres « violentes » comme le Wozzeck de Berg ou surtout l’extraordinaire opéra de Bernd Alois Zimmermann Les Soldats sont des exemples qui savent mêler musique, psychologie et un texte aussi violent et aussi fort. A nouveau, il faut souligner le risque artistique de produire cet opéra et à un tel niveau, mais cette œuvre mérite‑t‑elle autant d’attention ?



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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