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Heilinge Langeweile (Ce Mortel Ennui)

Berlin
Deutsche Oper
02/15/2002 -  


H. Marschner : Hans Heiling



Wolfgang Schöne (Hans Heiling), Ute Walther (La Reine des esprits de la Terre), Claudia Barainsky (Anna), Clemens Bieber (Konrad), Kaja Borris (Gertrud), Miomir Nikolic (Stephan).



Philipp Himmelmann (Mise en scène), Johannes Leiacker (Décors), Jorge Jara (Costumes), Wolfgang Göbbel (Light-Design).



Orchestre et choeurs de la Deutsche Oper Berlin, Olaf Henzold (Direction).



On attendait beaucoup de la reprise au Deutsche Oper du Hans Heiling de Marschner, opéra peu joué mais souvent cité dans les manuels, en particulier dans l´Histoire de l´Opéra de Leibowitz qui lui prodigue de sincères louanges. Livret écrit sous forme de conte fantastique aux résonances vaguement psychanalytiques (Hans Heiling quitte sa castratrice de mère, la reine des esprits de la Terre, pour entreprendre un voyage parmi les hommes, voyage qui ne lui apportera que désillusions et dont il reviendra tout penaud et meurtri dans le giron maternel), musique combinant les influences de Weber et Mendelssohn et annonciatrice de Wagner en maints endroits - en particulier dans le prologue presque entièrement « durchkomponiert », voilà d´excellentes raisons, se dit-on, pour piquer sa curiosité.



On pouvait penser cependant, une fois le rideau baissé, que la déception avait été à la hauteur de nos espérances. Oh certes, le compositeur de Zittau connaît son métier et son opéra ne viendra perturber nos oreilles d´aucun diavolus in musica. Marschner est de plus un habile orchestrateur qui ménage sciemment ses effets, par exemple dans quelques passages ouvertement freischütziens (grande descente des cors, trémolos des cordes, chuchotements des chœurs) plutôt bien amenés. Malheureusement, son indigence mélodique se fait partout cruellement sentir, en particulier dans les airs, et c´est dans l´ensemble à un Freischütz bien edulcoré que l´on a affaire, sans la fraîcheur ni la modernité de l´original. Sans doute faut-il plutôt chercher du côté de notre Gounod national une vraie parenté à cette musique douce. On a un peu pitié pour les musiciens de l´Orchestre de la Deutsche Oper, qui s´acquittent tous très honorablement de leur tâche. Confirmant la très bonne impression laissée par un Tannhäuser entendu la semaine dernière, cet orchestre sonne de façon tout à fait limpide et dynamique et sans la moindre épaisseur. Mais décidément, quand la partition ne va pas, rien ne va !



Reste un livret, effectivement assez original et qui est sans doute la raison principale pour laquelle cet opéra se maintient tant bien que mal au répertoire. On ne peut pas dire que M. Himmelmann en donne une lecture absolument passionnante. Décor unique centré autour d´une massive cage d´ascenseur symbolisant de façon trop élémentaire le passage du royaume des esprits de la Terre au monde des hommes, sa mise en scène étouffe un peu sous cette pesante présence. Le contraste entre le statisme poussiéreux de Heiling et l´univers plus baroque de la Reine-mère est justifié mais ne parvient pas vraiment à intéresser le spectateur. Ce dernier est plus incommodé par des costumes assez laids, l´imper beige crasseux de Heiling et la robe mal coupée de la Reine finissant par engendrer une sorte de nausée chronique.



Cette pâlichonne production aurait sans doute bénéficié d´un casting vocal de meilleure tenue. Clemens Bieber tire de loin son épingle du jeu avec un ténor assez brillant, quoique un peu limite dans l´aigu. Très agréable à regarder, Claudia Barainsky l´est moins à entendre avec un timbre passe-partout qui devient vite lassant. Le maquillage outrancier et l´alto antédiluvien de Kaja Borris font passer un certain frisson, mais qui ressortit plus à l´ange du bizzare qu´à un quelconque lyrisme. La quarantaine passablement rugissante, Ute Walther semble avoir oublié ce que nuance et justesse veulent dire. Enfin, il n´y a rien à dire de Wolfgang Schöne, sinon qu´il est l´un des artistes lyriques les plus ennuyeux qu´il m´ait été donné d´entendre ces dernières années.



Poliment applaudi par une salle aux trois-quarts vide, ce spectacle laisse un arrière-goût de tristesse et d´amertume que prolonge une des plus belles chansons de Lou Reed entendue à la radio plus tard dans la soirée, Ennui.




Thomas Simon

 

 

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