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Un récital en demi-teinte

Geneva
Grand Théâtre
06/07/2022 -  
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Средь шумного бала (Au milieu du bruit d’un bal), opus 38 n° 3 – Снова, как прежде, один (Encore une fois, comme avant), opus 73 n° 6 – Нет, только тот, кто знал (Non, seul qui a connu), opus 6 n° 6 – Слеза дрожит (Une larme tremble), opus 6 n° 4 – Благословляю вас, леса (Je vous bénis, forêts), opus 47 n° 5 – Nocturne, opus 10 n° 1 – Scherzo humoristique, opus 19 n° 2 – Dumka en do mineur, opus 59
Sergeï Rachmaninov : В молчаньи ночи тайной (Dans le silence de la nuit mystérieuse), opus 4 n° 3 – Не пой, красавица, при мне (Ne chante plus pour moi, la belle), opus 4 n° 4 – Дитя! Как цветок, ты прекрасна (Mon enfant, tu es belle comme une fleur), opus 8 n° 2 – Сон (Rêve), opus 38 n° 5 – О, не грусти по мне (Oh, ne sois pas triste à cause de moi !), opus 14 n° 8 – Весенние воды (Les Eaux du printemps), opus 14 n° 11 – Les Marguerites, opus 38 n° 3 (version pour piano) – Я жду тебя (Je t’attendrai), opus 14 n° 1 – Сумерки (Crépuscule), opus 21 n° 3 – Здесь хорошо (Ici il fait bon), opus 21 n° 7 – Сирень (Lilas), opus 21 n° 5 – Диссонанс (Dissonance), opus 34 n° 13 Modeste Moussorgski : Hopak (arr. Rachmaninov)
Nikolaï Rimski‑Korsakov : Le Vol du bourdon (arr.  Rachmaninov)

Asmik Grigorian (soprano), Lukas Geniusas (piano)


A. Grigorian (© Algirdas Bakas)


Dire que le récital d’Asmik Grigorian au Grand Théâtre de Genève était attendu avec impatience est un doux euphémisme. Il faut dire que la soprano lituanienne ne s’était produite jusqu’ici qu’une seule fois dans la cité de Calvin, dans un concert avec l’Orchestre de la Suisse romande. Son arrivée était précédée d’une flatteuse réputation, du fait notamment du triomphe de sa Senta à Bayreuth et de sa Salomé à Salzbourg. Et du fait aussi de son disque « Dissonance », sorti en début d’année et acclamé un peu partout par la critique, dont le récital genevois reprenait une bonne partie des mélodies.


Les attentes étaient-elles démesurées ? Toujours est‑il que la soirée n’a pas comblé toutes les expectatives. En première partie du récital, consacrée à Tchaïkovski, Asmik Grigorian a chanté en tout et pour tout 12 minutes, laissant à son pianiste, le superbe Lukas Geniusas, le soin d’emballer le public pendant la petite vingtaine de minutes restant jusqu’à l’entracte. Une remarque digne de Beckmesser certes, mais force est de constater que c’est peu, très peu même. D’autant que la soprano a semblé vouloir s’économiser et est restée sur la réserve pendant les cinq mélodies de cette première partie, ne parvenant pas à traduire pleinement le lyrisme et les élans de certaines pages. Sans parler de la diction approximative et des extrêmes aigus tendus.


Mais d’où vient que, malgré ces réserves, le charme a tout de même opéré et le public s’est laissé subjuguer ? Asmik Grigorian est une chanteuse hors norme : elle dispose d’une voix claire et lumineuse, homogène sur toute la tessiture, puissante et parfaitement projetée, capable de surcroît de crescendi impressionnants et de pianissimi exaltants, lesquels ont su rendre parfaitement justice à la mélancolie, à la nostalgie et à la tristesse des textes. Mais surtout, elle a un sens inné de l’expressivité et de l'émotion. La première partie a aussi permis au public d’entendre un pianiste extraordinaire, Lukas Geniusas, dont la délicatesse et le raffinement l’ont disputé à la virtuosité dans les parties solo. Dans les mélodies, il a été bien plus qu’un simple accompagnateur, un véritable partenaire pour la soprano. La seconde partie du récital était dédiée à Rachmaninov. Asmik Grigorian a semblé plus à l’aise et plus généreuse, plus engagée aussi, passant avec brio de la tendresse et de la retenue à la véhémence et à la virulence. Il n’empêche, la chanteuse est avant tout une « bête de scène » et il faut l’avoir vue fouler les planches pour apprécier tout son talent, immense. Il ne reste plus qu’à espérer que le Grand Théâtre l’engagera pour l’une de ses prochaines productions.



Claudio Poloni

 

 

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