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Un beau spectacle

Mexico
Auditorio Blas Galindo
05/26/2022 -  et 28* mai 2022
Erich Wolfgang Korngold : Die tote Stadt, opus 12
Sergey Radchenko (Paul), Carla Filipcic Holm (Marietta, Marie), Belem Rodríguez (Brigitta), Tomás Castellanos (Frank, Fritz), Angélica Alejandre (Juliette), Andrés Carrillo (Gaston, Comte), Frida Portillo (Lucienne), Rodrigo Petate (Victorin)
Ensemble Uitzilli, Ruth Escalona (chef de chœur), Coro del Teatro del Bicentenario, Jaime Castro (chef de chœur), Gradus ad Parnassum, Christian Gohmer (chef de chœur), Orquesta Sinfónica del Estado de México, Rodrigo Macías (direction)


R. Macías (© Emmanuel Gallardo)


Une production de La Ville morte, de Korngold, dans deux théâtres tout à fait différents à Mexico. C’était la première de cet opéra dans l’immense capitale mexicaine, une de villes les plus étendues du monde. L’initiative, le projet est venu de la main et de la baguette de Rodrigo Macías, jeune chef d’orchestre qui y a mis toute sa volonté et tous ses efforts. La ville de Mexico connaît le répertoire de Richard Strauss, qui est un peu le père (pas trop content, d’ailleurs) de Korngold, Zemlinsky, Schreker... Je pense, par exemple, à une mise en scène très célébrée de La Femme sans ombre, une production de Sergio Vela, un très important metteur en scène. Il manquait donc La Ville morte, et elle a été donnée, quoiqu’en version de concert, dans deux théâtres. L’auditorium Blas Galindo, dans le grand campus du Centre national des beaux‑arts, est une salle de dimensions limitées, suffisantes pour avoir une vision complète de l’ensemble, surtout des détails de l’orchestre riche en couleurs et dynamiques de Korngold et de la direction détaillée, un travail monstrueux pour une partition riche et complexe. Cet orchestre de Korngold a été servi par un ensemble d’un haut niveau artistique, l’Orchestre symphonique de l’Etat de Mexico, c’est‑à‑dire l’Etat dans lequel se trouve la capitale de la République. Le théâtre Angel y Tere Losada est à l’opposé, une salle pour tous genres de spectacles, grande, excellemment équipée. Il se trouve dans un autre campus, celui du Centre culturel Mexiquense Anáhuac, là où se trouve l’Ecole des arts Yitzhak Rabin. Un autre juif, Korngold, venait se joindre avec Rabin, le martyr israélien des compromis inévitables. L’accord de ces institutions (orchestre, théâtres) a soutenu la détermination de Rodrigo Macías et a aidé au succès final – deux succès, d’ailleurs).


Le Russe Sergei Rodchenko a une voix à la belle couleur, un ténor surtout lyrique (il a été Lenski, un bon exemple), et peut‑être le rôle de Paul n’est‑il pas le plus approprié pour lui. Il a tenu, quand même, les deux jours, parfois avec des astuces inoffensives, comme quelques falsettismes inattendus. La soprano argentine Carla Filipcic Holm, un belle voix de l’école du théâtre Colón de Buenos Aires, mozartienne de luxe, en vient maintenant à un répertoire tout à fait différent, mais il faut remarquer que Holm a chanté Isolde ou la Maréchale du Chevalier à la rose. Elle a tenu un double rôle – la Marietta légère, mais imaginée ; la Marie regrettée, donc imaginée aussi – imposante, voix vigoureuse de soprano qui passe sans trop de peine du lyrisme au dramatique. La voix de Belem Rodríguez, une mezzo exceptionnelle, est un luxe pour un petit rôle comme Brigitta. Tomás Castellanos, baryton expérimenté, a assumé sans problème ses deux rôles si opposés, l’ami réel, le fêtard imaginé. L’ensemble de ces fêtards, comédiens, amis de Marietta, tous imaginés, rêvés, comme elle‑même, a été complété par des voix comme celle de l’excellente soprano Angélica Alejandre (Violetta, Zerlina, la Juliette de Gounod), par Andrés Carrillo (double rôle aussi), la mezzo Frida Portillo, voix claire et de large haleine, et la voix diaphane du ténor Rodrigo Petate. Les parties chorales ne sont pas très présentes dans l’action, mais ont été très bien servies par des ensembles excellents ; le chœur d’enfants était formé par des voix parfois vraiment jeunes.


Un beau spectacle dans deux théâtres dont les grandes différences ont conditionné la réception de chaque interprétation de l’opéra de Korngold. Ce ne sont pas deux opéras différents, mais le même opéra, le même drame lyrique, mais deux spectacles avec des nuances qui offrent une vision élevée du même pari artistique.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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