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Magistral

Paris
Philharmonie
05/30/2022 -  et 5, 6 (Leipzig), 10 (London), 25 (Wien), 28 (Hamburg) mai 2022
Richard Strauss : Don Juan, opus 20 – BurlesqueAlso sprach Zarathustra, opus 30
Rudolf Buchbinder (piano)
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


R. Buchbinder (© Marco Borggreve)


Andris Nelsons devait assurer à la Philharmonie de Paris un festival Richard Strauss avec les deux orchestres dont il est le directeur musical, l’Orchestre symphonique de Boston et l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Les circonstances en ont décidé autrement, l’orchestre américain ayant renoncé à sa tournée européenne. Pour ce premier concert avec le plus vieil orchestre du monde, le Gewandhaus de Leipzig, la pianiste Yuja Wang était remplacé par Rudolf Buchbinder pour la rare et toujours étonnante Burlesque.


Mais ce concert avait débuté pa le Don Juan qui mettait d’emblée en évidence les nombreuses qualités de cet orchestre légendaire : puissance, élégance, équilibre, lisibilité, le tout au service de la vision lyrique que construit avec sa battue, à la fois au plus près de l’orchestre et avec ses bras très en hauteur, le chef letton. Dès le tutti d’entrée, les cordes, avec une disposition plaçant les violoncelles et les altos au centre de l’orchestre, démontrent leur engagement et leur précision. Vingt minutes plus tard et après un adagio durant lequel les vents rivalisent de musicalité on est ébahi par la puissance de la lecture et la perfection de l’interprétation. Ce Don Juan à la fois élégant et ferme emporte tout sur son passage. Comment ne pas tomber sous le charme ?


La Burlesque est probablement légèrement moins aboutie, malgré les timbales à la présence juste de Tom Greenleaves dans cette pièce qui est presque un concerto pour piano et timbales. Rudolf Buchbinder a un jeu précis et lumineux et l’équilibre avec l’orchestre est bien maîtrisé. Mais sans doute manque-t-il ici un peu de la folie qu’y mettrait sans doute d’autres pianistes. En bis, Buchbinder offre au public parisien une époustouflante paraphrase sur les thèmes de valses de Johann Strauss d’Alfred Grünfeld dans laquelle on repère surtout l’Ouverture de La Chauve‑Souris. Agilité et contrastes dominent, et le succès est assuré.


Vient ensuite le morceau de bravoure de ce concert, Ainsi parlait Zarathoustra. Son célèbre début est ce soir d’un équilibre souverain avec des cuivres précis au beau crescendo, un timbalier décidément très en forme mais qui ne force jamais, l’ensemble plaçant d’emblée la barre très haut pour la suite. Suite au cours de laquelle rivalisent successivement les différents pupitres de cet orchestre hors du commun, notamment une fois encore les vents et particulièrement ici les cuivres. Le passage pianissimo dédié aux seules contrebasses et qui fait penser à Chostakovitch dégage une telle tension qu’il fait même taire les tousseurs. Les contrastes entre les différents passages sont parfaitement réalisés, les douze coups de cloche impressionnent avant l’issue apaisée et toujours surprenante de l’œuvre. Entre‑temps, on aura pu apprécier le niveau exceptionnel du premier violon, Sebastian Breuninger, comme de ses collègues altiste et violoncelliste.


Il n’y a pas de mystère un très grand orchestre et un chef exceptionnel réunis font souvent des miracles. Ces pièces de Richard Strauss en furent. Quel dommage que la Philharmonie de Paris ne soit pas plus remplie pour de tels artistes ! Rendez‑vous ce soir pour le second concert.



Gilles Lesur

 

 

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