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Aida retrouvée!

Bruxelles
La Monnaie
01/30/2002 -  et: les 2, 5, 8, 12, 14, 17 et 20 février 2002
Giuseppe Verdi: Aida
Norma Fantini (Aida), Johan Botha (Radamès), Ildiko Komlosi (Amneris), Mark S. Doss (Amonasro), Phillip Ens (Ramfis), Maxim Mikhailov (Il Re), Michela Remor (Sacerdotessa), Giovanni Iovino (Un Messaggero),
Robert Wilson (mise en scène, décors, éclairages), Jacques Reynaud (costumes), Makram Hamdan (chorégraphie), Renato Balsadonna (chef des Chœurs),
Orchestre Symphonique et Chœurs de la Monnaie, Antonio Pappano (direction musicale)
Nouvelle Production du Théâtre Royal de la Monnaie ; coproduction avec le Royal Opera House Covent Garden

Confier la mise en scène d’ Aida à Robert Wilson, c’est s’assurer d’être débarrassé des habituelles et envahissantes kitcheries qui polluent la plupart des maisons d’opéras et qui passent à côté de la dimension intimiste et humaine de l’œuvre, une des plus abouties de Verdi si l’on se place selon ce point de vue. C’est aussi prendre le risque de remplacer ces clichés habituels par d’autres, encore plus dangereux, ceux créés par le langage hypercodé et stéréotypé que Wilson applique de façon systématique à l’œuvre qu’il aborde et qui, bien souvent, tue l’émotion au profit d’une expérience esthétique d’une efficacité indéniable.
Or à la Monnaie, le miracle se produit : Robert Wilson trouve cette fois l’exacte approche permettant à son intelligence et ses préoccupations obsessionnelles de ne pas manquer la rencontre avec la musique de Verdi et son livret, créant une authentique émotion qui n’a rien d’artificielle.
Le langage corporel imposé aux chanteurs n’est jamais en contradiction avec le ressenti de leur personnage et, au contraire, souligne les conflits auxquels ils sont soumis. Le personnage d'Amneris est particulièrement mis en valeur comme pivot dramatique, suivant ainsi le désir de Verdi qui à un moment souhaitait que l’opéra porte le nom de la fille du Roi ; elle semble omniprésente et ses contradictions sont évidentes et émeuvent. Aida est son opposée : plus de peau noire, au contraire une pâleur soulignée par les éclairages et le costume blanc, une héroïne perdue et écrasée par un drame qui la dépasse.
Wilson réussit avec un égal bonheur ces caractérisations intimes et le spectaculaire qui est aussi nécessaire pour la scène du triomphe, jouant alors sur des éléments décoratifs très simples mais parlants et des éclairages élaborés.
Il est aidé par une chorégraphie d’une grande originalité de Makram Hamdan qui redonne de l’intérêt à des scènes qui suscitent souvent de l’ennui et qui là intriguent, amusent, touchent et des costumes magnifiques de Jacques Reynaud.
A cette réussite visuelle répond une superbe exécution musicale, à commencer par la direction d’Antonio Pappano, parfaitement à l’aise dans le répertoire verdien comme il l’a montré à plusieurs occasions à la Monnaie et qui s’impose par une exemplaire souplesse, une capacité à faire ressortir ses plus belles couleurs de la fosse et un souci de l’équilibre avec les chanteurs. Ceux-ci sont tous exemplaires. Norma Fantini est une artiste comme peu le sont ; d’un timbre manquant de séduction immédiate, elle tire des sonorités de plus en plus superbes au fur et à mesure de la soirée ; sa technique lui permet de nuancer et d’alterner des forte retentissants avec des pianissimi ineffables, le souffle impeccablement maîtrisé, les mots mis en valeur par une diction parfaite. Arrivée très tardivement au secours du théâtre pour remplacer Elena Zaremba, souffrante, la mezzo-soprano hongroise Ildiko Komlosi s’intègre miraculeusement dans cette production, l’actrice particulièrement convaincante et utilisant à merveille une plastique hiératique pour composer un portrait complet d’Amneris. Sa voix n’est pas celle du rôle, il faut bien l’admettre, mais elle réussit des compromis satisfaisants pour convaincre (tout en inquiétant pour son avenir). En dépit d’un physique problématique (et une plus grande difficulté pour assimiler la gestique), Johann Botha est un Radamès sans faille vocalement, suffisamment héroïque, soucieux du style verdien et capable de chanter avec nuances (son «Celeste Aida » initial, impeccable finit magnifiquement par un si bémol piano). Mark S. Doss n’a jamais été aussi convainquant qu’en Amonastro. Les deux basses rivalisent de superbes harmoniques : Phillip Ens, inquiétant Ramfis, et, Maxim Mikhailov, révélation dans le rôle du Roi semblant moins secondaire que d’habitude, font preuve d’une appréciable solidité vocale.
Très sollicité dans cette œuvre, le chœur est parfaitement en situation.



Christophe Vetter

 

 

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