About us / Contact

The Classical Music Network

Lille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Chambre noire

Lille
Opéra
05/06/2022 -  et 9, 11, 13, 15*, 18, 20, 22 mai 2022
Benjamin Britten : A Midsummer Night’s Dream, opus 64
Nils Wanderer (Oberon), Marie‑Eve Munger (Tytania), David Portillo (Lysander), Antoinette Dennefeld (Hermia), Charles Rice (Demetrius), Louise Kemény (Helena), Dominic Barberi (Bottom), Charlotte Dumartheray (Puck), Gwilym Bowen (Flute), David Ireland (Quince), Thibaut de Damas (Snug), Kamil Ben Hsaïn Lachiri (Starveling), Tomislav Lavoie (Theseus), Clare Presland (Hippolyta), Florianne Melleret, Julie Dexter (Cobweb), Emma Ponte, Lisa Muchembled (Peaseblossom), Violette Desmalines, Louise Bauer (Mustardseed), Amané Shiozaki, Anna Miroslaw (Moth)
Jeune Chœur des Hauts‑de‑France, Pascale Diéval‑Wils (chef de chœur), Orchestre national de Lille, Guillaume Tourniaire (direction)
Laurent Pelly (mise en scène, décors, costumes), Massimo Troncanetti (décor), Jean‑Jacques Delmotte (costumes), Michel Le Borgne (lumières)


(© Simon Gosselin)


Du grand Pelly. A l’Opéra de Lille, sa nouvelle mise en scène parvient de main de maître à restituer l’univers et la vitalité du Songe d’une nuit d’été (1960) de Britten. Malgré ses nombreux personnages et ses différentes ambiances, cette merveilleuse adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare possède un grand potentiel pour un metteur en scène et un scénographe talentueux et imaginatifs. Admirable de justesse et de précision, la direction d’acteur garantit la verve théâtrale de l’opéra. Laurent Pelly réussit aussi bien les passages féeriques que les scènes comiques, dans une combinaison idéale d’onirisme et de drôlerie. A lui seul, le troisième acte, avec le spectacle burlesque des artisans, témoigne de l’étendue de son métier. La scénographie privilégie un certain dépouillement sans que cela porte préjudice à la dimension nocturne de la pièce. Laurent Pelly et Massimo Troncanetti imaginent un décor noir, avec un miroir reflétant la salle, des points lumineux fixes ou se déplaçant, pour figurer des étoiles, des trappes d’où surgissent les elfes, des lits, aussi, évidemment. Rien, en revanche, n’évoque la forêt, une démarche voulue comme telle qui ne suscite aucune frustration. La simplicité n’exclut pas la sophistication.


Le spectacle tire également sa force d’une distribution quasiment parfaite. Elle réunit des chanteurs essentiellement francophones et anglophones, avec la contribution tout à fait remarquable de la comédienne Charlotte Dumartheray qui incarne un Puck vif et facétieux. Au sein de chacun des trois groupes de personnages, aussi convaincants l’un que l’autre, soit ceux du royaume des fées, des amoureux – en pyjama – et des artisans, les voix et les tempéraments se combinent harmonieusement. Les interprètes campent leur personnage avec conviction et une articulation nette de la langue anglaise, ce qui contribue ainsi au charme de ce plateau captivant et de haut niveau, animé par une virtuosité et une fantaisie jubilatoires qui constituent un des traits marquants de cette pièce.


Manipulés en première partie par des grues qui se fondent dans le décor, ce qui crée l’impression à un moment qu’ils apparaissent en relief, Nils Wanderer, contre‑ténor idéalement stylé, et Marie‑Eve Munger, soprano au chant tranchant et à la voix nourrie, forme un couple idéal en Obéron et Titania. Il paraît difficile d’épingler parmi les amoureux la moindre insuffisance : les prestations de David Portillo, Antoinette Dennefeld, Charles Rice et Louise Kemény séduisent par leur tenue vocale, jamais prise en défaut, leur timbre, qui épouse le caractère de leur personnage, et leur présence scénique, toujours persuasive. A ce groupe s’ajoutent les majestueux Thésée et Hippolyte de Tomislav Lavoie et Clare Presland qui marquent leur rôle de leur empreinte. Parmi les artisans, qui forment un ensemble épatant, David Ireland, Gwilym Bowen et surtout Dominic Barberi se distinguent tout particulièrement en Quince, Flute et Bottom. Le charme, enfin, agit sans tarder lorsque paraissent Cobweb, Peaseblossom, Mustardseed et Moth, tous joués par des membres du Jeune Chœur des Hauts‑de‑France.


Le début suscite quelques craintes quant à la finesse et aux sonorités de l’orchestre, mais ce dernier finit rapidement par convaincre par sa justesse et sa vitalité. Brandissant, une fois n’est pas coutume, la partition de Britten pour la faire applaudir lors des saluts, démarche justifiée s’agissant d’une des plus belles adaptations musicales d’une pièce de Shakespeare, Guillaume Tourniaire obtient de l’Orchestre national de Lille, dirigé avec délicatesse et équilibre, toute la précision et la transparence requises. L’exécution aboutie et sans baisse de régime se distingue par la netteté de ses contrastes et la qualité des nombreuses interventions solistes. Un spectacle splendide et inoubliable.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com