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En apesanteur

Toulouse
Halle aux grains
04/23/2022 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 21 en ut majeur, K. 467
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur, WAB 107

David Fray (piano)
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Frank Beermann (direction)


F. Beermann


Heureux Toulousains ! Avec la Halle aux grains, les habitants de la « ville rose » disposent de l’une des salles de concert parmi les meilleures de France pour son acoustique, très précise et détaillée, mais aussi par la proximité avec les artistes, très appréciable. L’assistance nombreuse démontre combien le public a retrouvé ses habitudes sociales, laissant derrière lui les incertitudes de la pandémie pour fêter Mozart et Bruckner. Suite à l’absence inattendue de la brochure (pour cause de « problème technique »), une part non négligeable de l’assistance se tourne vers les ouvreurs pour connaître l’affiche du jour, démontrant ainsi la confiance des habitués dans la qualité de la programmation.


Ils n’ont pas tort, tant le choix du sous‑estimé chef allemand Frank Beermann (né en 1965) s’impose comme une évidence, après ses brillants succès lyriques in loco, de Parsifal en 2020 à Elektra en 2021. Le programme 100 % autrichien lui permet de mettre en avant, sans ostentation aucune, les différentes facettes de son talent, de la grâce mozartienne aux rivages torturés des états d’âme brucknériens. La constance sans faille dans la volonté d’allégement de la masse orchestrale constitue un atout de choix pour donner à David Fray (né en 1981) un écrin de raffinement en parfaite harmonie avec son toucher aérien et minimaliste. La mise en retrait volontaire du pianiste français donne l’impression d’entendre davantage une symphonie concertante qu’un concerto proprement dit, mais on s’habitue peu à peu à cette conception qui évoque les sonorités plus discrètes offertes par le pianoforte, parfois choisi pour cet ouvrage. On préfère toutefois les cadences ou le mouvement lent, où le pianiste peut davantage laisser libre cours à ses phrasés en apesanteur, frôlant toutefois la nonchalance, le tout sans pathos. En bis, Bach permet de constater combien l’interprète est plus à l’aise en solo, imposant sans peine un ton toujours très personnel.


Apres l’entracte, la Septième Symphonie (1883) de Bruckner est interprétée dans la version Nowak (1954), reconnaissable au coup de cymbales donné dans l’Adagio. Frank Beermann surprend d’emblée par son étonnante douceur de phrasé, apportant un soin particulier aux transitions : les tempi assez lents sont habités d’un sens narratif millimétré, porté par les couleurs d’un orchestre très en verve. La respiration harmonieuse fait ressortir chaque détail, avec un luxe de nuances et de silences habités. Aucune déflagration ne viendra réveiller le mélomane distrait : Beerman refuse tout spectaculaire, mais aussi tout pathos, pour privilégier le recueillement et la concentration, sans jamais tomber dans le sinistre pour autant. Cet art tout en retenue donne une hauteur de vue passionnante tout du long, même si les amateurs d’un Bruckner à l’émotion à fleur de peau pourront être déçus par cette conception plus intellectuelle.



Florent Coudeyrat

 

 

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