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Theater Basel
02/13/2022 -  et 17, 22, 25, 28 février, 18*, 24, 30 avril, 4, 13, 15, 21 mai 2022
Giuseppe Verdi : Don Carlos
Yolanda Auyanet, Leah Gordon* (Elisabeth de Valois), Nathan Berg (Philippe II), Joachim Bäckström (Don Carlos), John Chest (Marquis de Posa), Vazgen Gazaryan*, Derrick Ballard (Le Grand Inquisiteur), Kristina Stanek (La princesse Eboli), Andrew Murphy (Un moine), Nataliia Kukhar (La comtesse d’Aremberg), Alfheidur Erla Gudmundsdóttir*/Inna Fedorii (Une Voix du Ciel), Ronan Caillet*/Christopher Sokolowski (Le Comte de Lerme), Jasin Rammal-Rykala, Kyu Choi, Félix Le-Gloahec, Andrei Maksimov, Yurii Strakhov, Jiacheng Tan (Les députés flamands)
Chor und Extrachor des Theater Basel, Michael Clark (préparation), Sinfonieorchester Basel, Michele Spotti (direction musicale)
Vincent Huguet (mise en scène), Richard Peduzzi (décors), Camille Assaf (costumes), Irene Selka (lumières), Roman Reeger (dramaturgie)


(© Matthias Baus)


Don Carlos est tellement rare sur les scènes lyriques que chaque nouvelle production de la version originale française du chef‑d’œuvre de Verdi est un événement. La dernière en date a été étrennée à Bâle, qui s’en tire avec les honneurs : une mise en scène sobre avec quelques idées originales, un plateau vocal international de bon niveau et surtout un orchestre galvanisé par un jeune chef prometteur. Qui plus est, la version proposée ne comprend que relativement peu de coupures : seuls le ballet, le chœur de l’acte de Fontainebleau et le « Lacrymosa » qui suit la mort de Posa passent à la trappe.


Vincent Huguet, qui a été l’assistant de Patrice Chéreau, signe un spectacle somme toute assez traditionnel, en privilégiant les relations entre les personnages et en reléguant au second plan la fresque historique. L’intrigue se déroule dans une famille dysfonctionnelle, soumise à un Philippe II brutal et violent, qui n’hésite pas à humilier et martyriser tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Plusieurs idées originales parsèment la représentation : enfant, Carlos a dû être battu par son père à maintes reprises tant il se recroqueville en position de défense chaque fois qu’il est en face de lui. Le monarque pousse violemment à terre Elisabeth lorsque celle‑ci vient se plaindre du vol de son coffret. Et surtout, il va jusqu’à faire supplicier la comtesse d’Aremberg sous les yeux effarés de la reine durant la scène de l’autodafé, où la pauvre confidente se retrouve seule à être sacrifiée. La reine et sa confidente qui doivent entretenir une relation intime à en juger par les baisers accompagnant leurs adieux au moment où la comtesse est bannie de la cour. Le roi donnera en outre un coup de poignard mortel dans le ventre d’Eboli, coupable d’avoir été l’instigatrice d’une révolte du peuple au moment du décès de Posa, une Eboli qui, auparavant, aura été rabatteuse de chair fraîche pour le souverain. Enfin, une adolescente accompagne la reine partout où elle va, laissant supposer qu’il pourrait s’agir de la fille de Philippe II et d’Elisabeth. A moins qu’elle ne soit l’enfant d’Elisabeth et de Carlos, lesquels, à la fin, s’échappent pour un monde meilleur. L’action est délimitée par de hautes parois mobiles aux nuances rouge et ocre, découpées çà et là de tours et de créneaux. Un décor simple et minimaliste signé Richard Peduzzi, lequel a aussi, on le sait, longtemps travaillé avec Patrice Chéreau. On signalera également les costumes intemporels aux couleurs chatoyantes de Camille Assaf.


Si la distribution cosmopolite ne permet pas de comprendre chaque phrase – la lecture des surtitres s’avère nécessaire – les répliques les plus importantes sont fort heureusement plus ou moins intelligibles. Vocalement, l’ensemble est de bon niveau. Le Grand Inquisiteur de Vazgen Gazaryan impressionne par ses graves caverneux. Pour laid qu’il soit, le timbre usé et rocailleux de Nathan Berg traduit bien toute la méchanceté d’un Philippe II odieux à souhait. Joachim Bäckström incarne un Infant juvénile et fougueux, tout d’une pièce, sans beaucoup de nuances. Leah Gordon est une Elisabeth émouvante et lumineuse, malgré des aigus instables et un large vibrato. John Chest campe un Posa noble et raffiné, au timbre de velours. Kristina Stanek est une Eboli aussi déchaînée que perverse, avec des accents impérieux et des aigus éblouissants, un personnage haut en couleur. Mais la véritable révélation de la soirée est le chef Michele Spotti, âgé de 28 ans. Il donne une lecture vive et alerte de la partition de Verdi, une lecture précise et transparente aussi, faisant entendre chaque détail. Et surtout, en vrai chef d’opéra, une lecture sans baisse de tension dramatique pendant les plus de trois heures de musique. Assurément, un nom à suivre.



Claudio Poloni

 

 

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