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Enthousiasmant Toulon Opéra 03/25/2022 - et 27*, 29 mars 2022 Richard Rodgers : South Pacific Kelly Mathieson (Nellie Forbush), Elisabeth Lange (Lead Nurse), Thomas Boutilier (Luther Billis), William Michals (Emile De Becque), Mike Schwitter (Lieutenant Cable), Jasmine Roy (Bloody Mary), Scott Emerson (Georges Brackett), Sinan Bertrand (William Harbison), Nicolas Sitkevitch (Henri)
Chœurs de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernolin (chef des Chœurs), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Larry Blank (direction musicale)
Olivier Bénézech (mise en scène), Luc Londiveau (scénographie), Frédéric Olivier (costumes), Marc‑Antoine Vellutini (lumières), Johan Nus (chorégraphie)
(© Frédéric Stéphan)
Annulée au printemps 2020 en raison de la pandémie, la création française du chef‑d’œuvre de Richard Rodgers, South Pacific (1949), a pu enfin voir le jour à Toulon : on le doit à la persévérance de son directeur Claude‑Henri Bonnet, qui a défendu tout au long de son mandat (2003‑2022) le répertoire de la comédie musicale avec une qualité artistique reconnue, tout en prenant le risque de créer des spectacles jamais entendus en France, tels que Wonderful Town de Bernstein ou la présente production. C’est là un choix heureux, récompensé par un public aussi nombreux que fidèle, à juste titre enthousiaste au moment des saluts.
On retrouve aux manettes de ce spectacle l’excellent metteur en scène Olivier Bénézech, qui n’a pas son pareil pour faire vivre le plateau d’une énergie jubilatoire, très précise dans la direction d’acteur autant que l’exploration des volumes du plateau, particulièrement la rampe ajoutée devant l’orchestre. Comme à son habitude (voir notamment la production réussie d’Into the Woods de Sondheim en 2019), ce travail très respectueux de l’ouvrage bénéficie d’une scénographie de toute beauté, magnifiée par les contrastes entre pénombre et éclairages aux couleurs expressives.
La superbe distribution réunie emporte d’emblée l’adhésion par son brio théâtral, autant que par sa parfaite maîtrise vocale : à ce jeu‑là, se distingue le chant noble et radieux de William Michals, à l’émission chaude et profonde dans le grave. Il est toutefois dommage que son duo avec Kelly Mathieson soit déséquilibré par le peu de puissance de sa partenaire : fort heureusement, l’Ecossaise compense ce défaut par une musicalité et un raffinement inouï de velouté dans l’articulation, au service d’une composition finalement touchante. Avec un timbre de toute beauté et des qualités semblables, Mike Schwitter s’impose dans son rôle, même s’il doit encore s’affirmer davantage pour convaincre dans la dernière partie, plus dramatique. Rien de tel pour la tonitruante Jasmine Roy, qui irradie dans son rôle à force d’aisance, tandis que le non moins sonore Thomas Boutillier donne beaucoup de plaisir par son abattage et sa présence scénique. Tous les seconds rôles se montrent à la hauteur de l’événement, particulièrement le superlatif Brackett de Scott Emerson, de même que choristes et danseurs, tous investis dans l’énergie commune généreusement déployée.
Tout ce plaisir manifeste se retrouve aussi dans la fosse, où Larry Blank officie avec un art souverain des équilibres, faisant vivre les rythmes endiablés de mille feux, tout en distinguant les chorals de cuivres ou les passages plus apaisés, d’une clarté des plans sonores admirable de finesse. Ce spectacle très réussi de l’Opéra de Toulon sera suivi en mai prochain de la reprise très attendue de La Dame de pique, une coproduction lyrique de la région Sud vivement applaudie à Nice en 2020, à ne pas manquer.
Florent Coudeyrat
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