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Ainsi dansent-ils tous

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Opera Vlaanderen
02/23/2022 -  et 1super 4, 6, 8, 10, 12, 13 février (Antwerpen), 25, 26 février, 4, 6* mars 2022 (Gent)
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Katharina Persicke/Cynthia Loemij (Fiordiligi), Anna Pennisi/Samantha van Wissen (Dorabella), Edwin Crossley‑Mercer/Michaël Pomero (Guglielmo), Reinoud Van Mechelen/Julien Monty (Ferrando), Hanne Roos/Marie Goudot (Despina), Damien Pass/Bostjan Antoncic (Don Alfonso)
Koor Opera Ballet Vlaanderen, Michiel Haspeslagh (chef de chœur), Symphonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Trevor Pinnock/Pedro Beriso* (direction musicale)
Anne Teresa De Keersmaeker (mise en scène, chorégraphie), Jan Versweyveld (scénographie, lumières), An D’Huys (costumes)


(© Annemie Augustijns/Opera Vlaanderen)


Voici enfin à l’Opéra des Flandres ce fameux Così fan tutte (1790) par Anne Teresa De Keersmaeker, cinq ans après sa création au Palais Garnier. En effet, la pandémie a provoqué le report de cette production, comme tant d’autres.


Dans une cage de scène blanche et dépouillée, délimitée à gauche et à droite par de rudimentaires panneaux en plexiglas, chaque chanteur évolue en binôme avec un danseur, vêtu à peu près de la même manière. Le langage de la danse contemporaine demeure assez obscur pour les non‑initiés, et l’interprétation d’un geste ou d’un mouvement ne paraît pas toujours évidente, mais il règne une vraie harmonie. Les chanteurs dansent donc également, mais dans une moindre mesure, les professionnels de cette discipline effectuant plus mouvements chorégraphiques les plus complexes. La synergie fonctionne admirablement, et cet opéra constitue, en fin de compte, un choix pertinent pour une telle approche, bien plus, a priori, que Don Giovanni ou Les Noces de Figaro. Cette mise en scène ne mise pas exclusivement sur la danse, et heureusement. Anne Teresa De Keersmaeker se soucie aussi de la direction d’acteur et de la caractérisation des personnages, sans négliger l’humour et la bouffonnerie. La représentation suscite tout de même, à la longue, un sentiment de répétitivité et d’ennui, ce que notre chroniqueur parisien a également relevé.


Soudée et investie, la distribution réunit un sextuor de saines et solides voix, bien dimensionnées pour Mozart. La Dorabella d’Anna Pennisi séduit un peu plus que la Fiordiligi de Katharina Persicke. La mezzo‑soprano italienne au timbre charnu développe une ligne de chant à la fois ferme et agile, tandis que la prestation de la soprano allemande présente un peu moins d’attraits, en raison d’une voix moins nourrie et à quelques duretés, sans gravité toutefois. L’interprétation demeure particulièrement soignée, en particulier dans les airs, bien construits, et réserve de beaux moments de délicatesse. Avec son tempérament énergique et sa voix aussi légère que colorée, Hanne Roos incarne une Despina idiomatique.


L’excellent Reinoud Van Mechelen incarne, quant à lui, un brillant Ferrando. La voix séduit par la pureté du timbre et le chant suscite l’admiration, tant par son raffinement que par sa maîtrise. Edwin Crossley-Mercer, qui a participé à la reprise de la production au Palais Garnier, possède assez étonnement l’allure et le physique d’un Don Alfonso, mais il incarne l’autre amant, Guglielmo, fort d’une vraie présence. Et tout aussi étrangement, Damien Pass impose un Don Alfonso plus jeune et moins désabusé que d’habitude, alors qu’il prêterait plus idéalement son physique à Guglielmo. Pour totalement convaincre, le timbre manque probablement un peu de grave et le phrasé de mordant, mais il délivre une très honorable prestation.


La direction musicale a été confiée à Trevor Pinnock, mais le chef britannique, souffrant, a dû céder sa place, pour cette dernière représentation, à Pedro Beriso, également en charge des récitatifs au clavecin : vif et acéré, l’orchestre sonne avec légèreté et transparence, impression renforcée par l’usage parcimonieux du vibrato. L’assistant a probablement bénéficié du travail de Pinnock en amont, sur l’équilibre avec le plateau et la mise au point des grandes scènes et des conclusions. Leurs interventions demeurent secondaires, et personne ne se déplace pour eux dans cet ouvrage, mais les choristes attirent positivement l’attention. Malgré ce très bon bilan musical, ce spectacle restera probablement dans les mémoires avant tout pour son concept, son identité visuelle et son énergie propre.



Sébastien Foucart

 

 

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