Back
Votez Martinů ! Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 03/07/2022 - Leos Janácek : Príhody lisky Bystrousky: Suite
Bohuslav Martinů : Concerto pour violoncelle n° 1, H. 196
Antonín Dvorák : Symphonie n° 7, opus 70, B. 141 Thierry Amadi (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Tomás Netopil (direction)
T. Amadi (© André Peyrègne)
Réhabilitons Bohuslav Martinů ! Le Premier Concerto pour violoncelle de ce compositeur tchèque, boudé par les concertistes, mérite de figurer parmi les grands concertos du répertoire. Il en a l’envergure, le panache, le caractère. Nous en avons entendu une remarquable interprétation par le violoncelliste soliste de l’Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, le Niçois Thierry Amadi. Ce concerto appartient à l’histoire musicale de sa ville. Sa seconde révision a en effet été achevée lorsqu’après la guerre Martinů s’installa à Nice, dans une villa Belle Epoque dont la tour spectaculaire, en broderie de pierres, domine la mer au pied d’une des collines niçoises.
Thierry Amadi accomplit l’exploit, à 20 ans, d’accéder à son poste de soliste à Monaco dès le premier concours d’orchestre de sa vie. Il y a près d’un siècle, le grand Paul Tortelier se trouvait à ce même pupitre. Sans avoir sa notoriété, Thierry Amadi est un digne successeur de son illustre aîné. Silhouette jeune, allure décidée, il interpréta le concerto de Martinů avec une aisance spectaculaire. Déployant fougue et autorité, il fit preuve ici d’exaltation, là de ferveur – notamment dans la progression poignante du thème composé des quatre notes sol, la, fa, la dans le deuxième mouvement. Après avoir cité la phrase de Casals « La musique chasse la haine », il entraîna derrière lui, en bis, tous les violoncellistes de l’orchestre dans un émouvant passage de la Suite « Au temps de Holberg » de Grieg, dédié au peuple ukrainien martyr.
Le concert, dirigé par le très bon chef tchèque Tomás Netopil était entièrement consacré à la musique de son pays. Entendue en première partie, la musique, certes pleine de fraîcheur, de la Suite de La Petite Renarde rusée de Janácek paraît bien décousue si on ne connaît le détail de ce qu’elle illustre : ici le tourbillon des animaux de la forêt, là le sommeil du paysan, plus loin la capture de la Renarde, ou encore le carnage dans le poulailler, ou bien l’évasion de l’animal, etc. C’est une vraie musique de dessin animé !
L’interprétation de la Septième Symphonie de Dvorák fut admirable. Tomás Netopil était chez lui dans cette œuvre. Cela se sentait. Outre une mise excellente mise en place, il a su faire passer ce supplément d’âme qui était celle de son pays. L’Orchestre de Monte-Carlo devint pragois sous sa baguette. A une époque de mondialisation, on aime les chefs qui savent donner une couleur « nationale » à leur musique. C’est ce qu’a fait l’épatant Netopil.
André Peyrègne
|