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Ivresses

München
Herkulessaal
03/03/2022 -  et 4 mars 2022
Richard Strauss : Don Juan, opus 20
Richard Wagner : Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude de l’acte III
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Astrid Ackermann)


La saison de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise continue avec à sa tête la crème de la crème des chefs en activité, avec cette semaine Daniele Gatti sur le podium.


En première partie, le chef italien avait choisi deux œuvres de Strauss et de Wagner, compositeurs dont le lien avec la Bavière est très fort. Le Don Juan démarre avec flamboyance. Les attaques sont franches, les tutti ont une richesse de couleurs caractéristique des grandes formations rompues à la musique germanique. Les cordes, qui chez d’autres phalanges « savonnent » un peu leur texte sont ici puissantes et précises. Le cor énonce le thème avec éclat. Gatti fait preuve d’une maîtrise de la partition et trouve de très beaux phrasés dans les parties centrales.


La surprise ou l’originalité de cette première partie est, après une série d’applaudissements courts durant lesquels le chef ne quitte pas la scène, de quasiment enchaîner le poème symphonique avec le Prélude du troisième acte des Maîtres chanteurs. Gatti nous raconte ainsi que le vide avec lequel se finit le Don Juan de Strauss n’est pas une fin mais une transition vers un certain recueillement. Après la brillance du poème symphonique, la première attaque des violoncelles est un peu hésitante et le pupitre des cors met un moment à atteindre son équilibre mais rapidement l’orchestre trouve la dimension de cette ouverture. Les tempi pris par Gatti sont allants mais après tout, le vieux Don Juan peut garder une certaine vigueur. C’est une conception intéressante mais un peu inattendue.


En seconde partie, Daniele Gatti nous rappelle à quel point la Symphonie fantastique de Berlioz est moderne. Il ne s’agit pas ici d’enjoliver la musique. Le chef anime la partition avec beaucoup de rubatos et de ruptures pour mieux caractériser les différents passages. Après les ivresses du premier mouvement, joué avec la reprise, « Un bal » est un peu raide mais n’est‑ce pas là l’esprit de cette musique que tant d’ensembles cherchent à adoucir ? Les sforzandos sont ici rageurs pour mieux heurter. Les mouvements suivants ont beaucoup de puissance et font ressortir le grotesque de cette œuvre si novatrice.


Ce concert est enfin donné dans une salle remplie à 75 %, les masques étant toujours de rigueur. Voici bien longtemps que nous n’avions pas vu autant de monde dans la salle, ce qui génère un certain vertige et une joie réelle. Strauss, Wagner ou Berlioz auraient sûrement fait de cet instant un moment de musique.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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