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Musiciens du monde libre

München
Herkulessaal
02/24/2022 -  et 25* février 2022
Gustav Holst : The Planets, opus. 32, H. 125
Igor Stravinsky : Pétrouchka (version 1947)

Damenchor des Bayerischen Rundfunks, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Astrid Ackermann)


Daniel Harding fait partie des chefs qui, ces dernières années, ont beaucoup dirigé l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. Si dans cette même salle, un artiste de la qualité d’Iván Fischer mettait un moment à trouver ses marques avec cet orchestre, ce n’est pas le cas ici.


Dès les premières mesures, on ne peut qu’être saisi par la puissance sonore que dégagent les musiciens tout en apportant des éléments caractéristiques de son style : clarté des attaques, équilibre des pupitres et respect de la richesse harmonique des œuvres. L’orchestre conserve toujours les qualités de cohérence assez typique d’une certaine tradition orchestrale allemande. Le son est compact mais coloré et sans lourdeur. Les musiciens réagissent au quart de tour aux impulsions du chef.


La subtilité et la richesse de l’orchestration de ces sept pièces très différentes sont remarquables. On se surprend ici et là de retrouver sous la baguette de Daniel Harding des couleurs orchestrales et des choix qui laissent penser que si bien évidemment, Holst connaissait Elgar, il était également familier du Debussy, compositeur des Images. Les grands moments que l’on attend de ces pièces sont bien évidemment là mais le final avec ce decrescendo « magique » des chœurs de femmes situés dans le hall de la Herkulessaal est stupéfiant.


La seconde partie reste de haut niveau. Il y a certes quelques petits passages qui, par rapport à la première partie, montrent quelques petits signes, bien compréhensibles, de fatigue ainsi que quelques tutti où le souci de clarté nuit un peu à la continuité de la ligne. Mais le piano solo de Lukas Maria Kuen, la flute de Henrik Wiese et la trompette solo très canaille de Jeroen Berwaerts sont de très haut niveau. L’orchestre foisonne dans la scène de foire finale et le ballet, dans sa version de 1947, finit également comme Les Planètes sur un silence mais dans une atmosphère bien différente.


Ceci dit, comment ne pas penser en entendant le style martial de la première pièce des Planètes, de « Mars, celui qui apporte la guerre », à l’invasion que vient de lancer la Russie en Ukraine. A Berlin, Vladimir Jurowski a débuté son concert avec l’hymne ukrainien. De leur côté, l’Orchestre philarmonique de Berlin et Kirill Petrenko, qui devaient donner leur traditionnel Europakonzert à Odessa, ont publié un « Statement by the Berliner Philharmoniker and their chief conductor Kirill Petrenko on the Russian invasion of Ukraine » condamnant l’agression russe. De nombreux musiciens classiques – Semyon Bychkov, Lars Vogt, Oksana Lyniv, cette dernière étant Ukrainienne, et tant d’autres – ont condamné publiquement cette agression barbare. Même des artistes russes comme Anna Netrebko ont également pris position, ce qui signifie qu’elle ne chantera probablement plus dans son pays.


Ici même, le maire de Munich vient de publiquement demander à Valery Gergiev, directeur musical du Philharmonique de Munich et ami très très proche de Vladimir Poutine, de se positionner sur les événements. Peu de musiciens se sont autant affichés auprès d’un dictateur que ne l’a fait Valery Gergiev. Et ce qui se passe à Munich montre qu’il y a une limite à ce que l’on peut tolérer des positions de certaines personnalités, quel que soit leur talent, qui, dans le cas de Gergiev, est immense.


Et donc, sans qu’il y ait de message des musiciens lors de cette soirée, comment ne pas penser lors d’une soirée d’une telle qualité, qu’il existe beaucoup de talents également admirables qui n’ont pas pris de positions inadmissibles, tactiques ou partagées, et que si Gergiev ne dirigera plus à Munich, la musique continuera à vivre.



Le Bayerische Staatsoper, 25 février 2022 (© Antoine Lévy-Leboyer)

Et à quelques minutes de la Herkulessaal, le Bayerische Staatsoper avait illuminé sa façade aux couleurs de l’Ukraine.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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