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Rencontres au sommet

Paris
Philharmonie
02/07/2022 -  et 6 (London), 10 (Hamburg), 13 (London) février 2022
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5 « Empereur », opus 73
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 15, opus 141

Beatrice Rana (piano)
London Symphony Orchestra, Gianandrea Noseda (direction)


G. Noseda


Beatrice Rana est l’une des meilleures pianistes de la jeune génération : son Empereur vient de le confirmer. Technique éprouvée, avec une superbe main gauche, jeu inventif et sonorités colorées, même aux extrêmes du clavier, font d’emblée de l’Allegro initial un grand moment, d’une flamboyante effervescence, où l’énergie conquérante n’exclut jamais la demi‑teinte – jusque dans les octaves. Son compatriote Gianandrea Noseda est à l’unisson, d’une transparence absolue, qui avance inexorablement et l’entraîne dans son irrésistible élan. L’Adagio n’outre pas l’émotion, la pianiste jette sur la clarté de son jeu quelques touches d’ombre, pour ménager des arrière‑plans sonores – notamment à la fin, dans la transition vers un final où se retrouvent la force qui va du début, son souffle puissant, sa grandeur jamais martiale. Un tel unisson entre soliste et chef ne se rencontre pas toujours. En bis, un suggestif et rêveur, chatoyant et suspendu « Cygne » de Saint‑Saëns transcrit par Leopold Godowsky.


Les qualités déployées par Gianandrea Noseda ne pouvaient que convenir à l’ultime Symphonie de Chostakovitch, qui rappelle l’excellence de l’orchestre londonien, flatté par les nombreux solos dont la partition est émaillée, tel un concerto pour orchestre – le violoncelle, dans l’Adagio, est sublime, mais il faudrait ici citer le premier violon, les percussions, si présentes, bref tous les pupitres ! L’Allegretto ne pèse jamais, incisif, aux contrastes très intégrés, rien moins que décousu. Toute l’œuvre semble en effet menacée d’éclatement, entre fanfares tonitruantes et accès de désespoir, citations diverses – Ouverture de Guillaume Tell, thème du destin de La Walkyrie – et autoréférences. Peut‑être souhaiterait‑on seulement que la musique ricane, grimace davantage, comme dans le troisième mouvement, qu’elle lorgne davantage vers Mahler, un des modèles de Chostakovitch... ou vers une certaine tradition russe de noirceur bouffonne, qu’il a dès le début perpétuée. Mais l’Adagio atteint des sommets de dépouillement et de déréliction, comme le final, avec son Allegretto aux airs vagues de danse populaire, qui baigne dans une nostalgie douce‑amère, avant que les percussions de la coda n’irisent les aplats des cordes de leurs sonorités raréfiées.


Un bis s’imposait‑il après une telle musique, quelle que soit la chaleur de l’accueil du public ? Il eût fallu alors rester chez Chostakovitch. La Troisième des Danses slaves de l’Opus 46 de Dvorák semblait d’autant plus incongrue qu’elle relevait de la pure démonstration.


Le site de Gianandrea Noseda
Le site de Beatrice Rana
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Didier van Moere

 

 

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