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L’esprit de l’œuvre

Tourcoing
Théâtre Raymond Devos
01/14/2022 -  et 16* janvier 2022
François-Adrien Boieldieu : La Dame blanche
Sahy Ratia (George Brown), Fabien Hyon (Dikson), Sandrine Buendia (Jenny), Marc Scoffoni (Gaveston), Caroline Jestaedt (Anna), Majdouline Zerari (Marguerite), Ronan Airault (Mac-Iron)
Le Cortège d’Orphée, Les Siècles, Nicolas Simon (direction)
Louise Vignaud (mise en scène), Irène Vignaud (scénographie), Cindy Lombardi (costumes), Luc Michel (lumières)


(© Rémi Blasquez)


Difficile de se représenter l’immense succès de La Dame blanche (1825) au dix-neuvième siècle. Malgré l’intérêt actuel pour les ouvrages de ce genre, cet opéra de Boieldieu demeure peu souvent représenté. Juste avant le premier confinement, l’Opéra-Comique en avait proposé une production plutôt décevante. Un collectif de six théâtres de taille modeste, la co[opéra]tive, en a réalisé une nouvelle, à l’affiche de l’Atelier lyrique de Tourcoing pour deux représentations.


La mise en scène de Louise Vignaud ne cherche pas à trop actualiser cette pièce, ni à atténuer ce qui peut sembler daté de nos jours. Elle raconte simplement l’histoire, en éclairant, comme le précisent les notes d’intentions, sur les différences sociales entre les personnages. La finesse de la direction d’acteur évite de rendre les situations lourdes et les personnages vulgaires, ce qui positionne ce spectacle limpide dans un juste milieu, entre le trop et le pas assez. La scénographie traduit bien la dimension romantique et la part de surnaturel de cet ouvrage. Elle prouve qu’avec des moyens réduits, un décor peut revêtir une fonction évocatrice convaincante. Il suffit finalement de peu d’éléments et d’un éclairage étudié pour suggérer un château ou une toile d’araignée, dans une Ecosse de fantaisie, avec une touche de modernité. Cependant, les costumes paraissent particulièrement élaborés, en particulier les coiffes qui représentent le monde animal, une chouette, une arachnide ou un scarabée.


Sur le plateau règne un authentique esprit de troupe, personne ne cherchant à ravir la vedette à l’autre. La preuve, durant les saluts, tous viennent récolter ensemble les applaudissements. Dans cette distribution assez homogène, chacun possède le physique de l’emploi, mais aussi le profil vocal du rôle. Les interprètent veillent à la prononciation, hormis quelques liaisons discutables, et respectent l’esprit de l’œuvre. La prestation réjouissante de Sahy Ratia en George Brown révèle un ténor parfait dans ce répertoire, par un timbre accrocheur, un phrasé remarquable, des aigus maitrisés, une aisance certaine à tous points de vue. Les partenaires de ce jeune ténor d’origine malgache ne manquent pas de talent non plus, en particulier l’excellent Marc Scoffoni, qui met en valeur, dans le rôle de Gaveston incarné avec assurance, un délectable timbre de baryton. Les moyens de Fabien Hyon conviennent bien pour Dikson, mais sa prestation vocale impressionne un peu moins. L’autre ténor de la distribution forme en revanche un couple idéal avec la fraîche Jenny de la piquante Sandrine Buendia, au chant nettement calibré et au caractère bien campé. La ravissante Caroline Jestaedt apporte finesse, éclat et couleurs au personnage d’Anna, celle qui apparaît en Dame blanche, tandis que Majdouline Zerari donne brillamment vie à une truculente Marguerite. N’omettons pas de saluer la jolie performance pleine d’humour de Ronan Airault en Mac-Iron, le juge de paix. Il aurait bien mérité une notice biographique dans le programme.


Afin de faciliter la réception par le public, les dialogues quelque peu désuets ont fait l’objet d’une réécriture assez soignée. Le talent des interprètes permet, lors de ces passages, qui ne paraissent jamais trop longs, de conférer à la représentation un rythme théâtral de bon aloi. Dans la fosse, même le chef, Nicolas Simon, porte un costume coloré à plumes, sans que cette fantaisie apporte en fin de compte quelque chose. L’essentiel réside ailleurs. Actuellement en résidence à l’Atelier lyrique de Tourcoing, Les Siècles exécutent cette pimpante musique avec précision et légèreté. Les instruments d’époque affichent une légère mais bien compréhensible acidité, délivrant une prestation alerte et acérée. Que cette œuvre dégage du charme, presque deux cents ans après sa création !


Le site de l’Atelier lyrique de Tourcoing



Sébastien Foucart

 

 

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