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...de ppp à fff...

München
Isarphilharmonie
12/16/2021 -  et 17*, 18 décembre 2021
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163

Igor Levit (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Manfred Honeck (direction)


M. Honeck, I. Levit (© Astrid Ackermann)


C’est en 2017 qu’il nous avait été donné la possibilité d’entendre pour la première fois en concert Igor Levit dans le Cinquième Concerto de Beethoven. Nous avions été frappé par l’intelligence du discours, la qualité du cantabile et aussi par un certain style « concertant » où le pianiste garde une longue ligne musicale dans les nuances pianissimo pour se fondre dans la masse orchestrale.


Ce style est-il aussi adapté à un compositeur qui « orchestre » son piano comme le fait Brahms ? Sous la baguette de Manfred Honeck, le Maestoso initial de ce Premier Concerto démarre avec une puissance sonore impressionnante. L’entrée du soliste, pleine de retenue, contraste avec une telle approche et il faut attendre le redoutable passage en octaves pour que soliste et orchestre semblent partager une même conception. Ce premier mouvement un peu déséquilibré déçoit un peu et il y a même quelques passages où le rubato de Levit n’est pas parfaitement en place avec l’orchestre.


Mais les musiciens se retrouvent dans l’Adagio avec plus de bonheur. Les bois ont beaucoup de chaleur et cette fois, pianiste et orchestre chantent plus naturellement à l’unisson. Le Rondo final est pris à un tempo un peu vif et plein de vie. Le fugato aux cordes est tout simplement exemplaire. Igor Levit trouve dans ce mouvement un caractère espiègle qui lui convient si bien et il sait faire « sourire les trilles » comme personne. Très applaudi par une salle hélas remplie à 25 % mais par un public très attentif et très jeune, Levit nous donne en bis une adaptation au piano de « Wouldn’t it be loverly » extrait de My Fair Lady, plein de d’émotion. Décidément, cet immense artiste n’a pas fini de nous surprendre.


En seconde partie, la Huitième Symphonie de Dvorák est donnée avec un niveau instrumental très élevé. L’introduction permet d’apprécier la richesse de la sonorité des cordes, qui déploient une grande variété de nuances. Manfred Honeck trouve dans ces pages une vitalité rythmique contagieuse. Alors que de nombreux ensembles «savonnent » certains passages exigeants, les musiciens jouent ici avec clarté et précision sans qu’en souffre la qualité des tutti. Les phrasés des violoncelles sont superbes, les violons très élégants et à la flûte, Henrik Wiese est tout bonnement exemplaire.


Mais ce qui impressionne le plus dans cette exécution est la largeur de la dynamique. Certains mélomanes de ma génération qui ont entendu l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la baguette d’Herbert von Karajan se souviendront d’une capacité à faire sonner l’orchestre du plus tenu des ppp à des fff assez incroyables et ce sans que les couleurs des instruments ou la clarté des tutti soient sacrifiés pour autant. Hier soir, dans la salle à l’acoustique si réussie de l’Isarphilharmonie, les musiciens de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise ont montré une capacité à reprendre le flambeau de ce style si impressionnant qui n’est pas si désuet.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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