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Piquant et enjoué Paris Théâtre du Châtelet 12/11/2021 - et 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31 décembre 2021, 1er janvier 2022 « Cole Porter in Paris »
Cole Porter : Can-can : « I Love Paris », « When love comes to call » & « Who said gay Paree ? » – Nymph Errant : « Experiment » – La Revue des ambassadeurs : « Boulevard Break », « You and Me », « Pilot me », « In a Moorish Garden », « Blue Hours » & « Baby let’s dance » – Fifty Million Frenchmen : « Do you want to see Paris ? », « Find me a primitive man », « You don’t know Paree », « I’m unlucky at gambling » & « Paree, what did you do to me ? » – Leave it to me! : « Most Gentlemen don’t like love » – Wake up and dream : « I’m a gigolo » – Greenwich Village Follies : « I’m in love again » – The New Yorkers : « Go into your dance » – You’ll never get rich : « Dream Dancing » – Paris : « Let’s Misbehave » – Du Barry was a lady : « Give him the oooh la la » – Gay Divorce : « I’ve got you on my mind » – Anything goes : « You’re the top » & « Take me back to Manhattan » – Let’s face it! : « I hate you darling » (orchestrations Jean-Yves Aizic, Antoine Lefort, Matthieu Michard, Pablo Tognan et Samson Tognan)
Cole Porter : Within the Quota – « Sweatheart of the world » (orchestration Charles Koechlin)
George Gershwin : The man I love Léovanie Raud, Marion Tassou, Charlène Duval, Yoni Amar, Richard Delestre, Matthieu Michard (chant), Mélodie Avezard, Guillemette Buffet, Céleste Hauser, Lisa Lanteri, Lara Pegliasco, Bart Aerts, Brian Anthony, Brian Anthony, Max Carpentier, Grégory Garell (ensemble)
Les Frivolités Parisiennes
Christophe Mirambeau (conception, dialogue, mise en scène), Casilda Desazars (décors et costumes), Caroline Roëlands (chorégraphie), Renaud Corler (création lumières), Stéphane Oskeritzian (création sonore)
(© Hélène Pambrun)
Spécialiste reconnu de la comédie musicale et de l’opérette, Christophe Mirambeau défend ce répertoire depuis de nombreuses années, aussi bien dans ses travaux musicologiques que sur scène (voir notamment Normandie de Paul Misraki). On ne peut que se réjouir de son association avec l’ensemble Les Frivolités Parisiennes, qui n’a pas son pareil pour faire vivre de son énergie communicative cette musique piquante et enjouée, comme le prouve ce spectacle dédié aux sulfureuses années parisiennes de Cole Porter (1891-1964).
L’idée de Christophe Mirambeau consiste à sélectionner près de trente chansons issues de différentes comédies musicales (sans se limiter à celles écrites pendant la seule période parisienne), qui évoquent les « années folles » de Porter avec force malice et sous-entendus. C’est que Porter s’était fait une spécialité des textes à double sens, jouant des allusions à l’actualité ou à sa vie privée, dont seuls les initiés pouvaient démêler le sens caché (notamment le jeu de mot « top/bottom » de la chanson « You’re a top »). Protégé par un mariage de façade, Cole Porter mena, loin du regard de sa famille richissime, une vie parisienne dissolue, dont se fait l’écho le spectacle avec une joyeuse bonne humeur. C’est tout particulièrement la liaison avec le brillant librettiste des Ballets russes Boris Kochno (voir l’hommage qui lui a été rendu en 2001 au Palais Garnier), qui est mise au centre de l’attention en un virevoltant ballet entre les chanteurs qui alternent les différents rôles en fonction des tessitures convenant le mieux à leur voix. Le niveau global homogène, sans être exceptionnel, donne beaucoup de satisfactions, surtout côté féminin.
Aidés des danseurs qui revisitent les chorégraphies de l’époque, des extraits du savoureux Within the Quota monté par les Ballets suédois aux classieuses revues façon Fred Astaire, les interprètes s’en donnent à cœur joie pour le plus grand bonheur du public, qui applaudit pratiquement toutes les chansons. On est plus circonspect en revanche sur les qualités de metteur en scène de Christophe Mirambeau, qui peine à animer le vaste plateau du Châtelet par sa volonté d’une scénographie trop minimaliste, en hommage à l’art abstrait des années 1920. Quelques modules géométriques aux couleurs pastel rappellent Kandinsky ou Léger, tandis que l’inévitable grand escalier donne un peu de volume à l’ensemble. Le spectacle reste toutefois trop sage au niveau de sa direction d’acteur, engoncée dans son évocation trop soucieuse de réalisme historique – de même que les chorégraphies, un rien répétitives sur la durée.
Le spectacle reste néanmoins fort recommandable pour l’hommage sincère à Cole Porter, dont Mirambeau ose montrer la double facette heureuse dans les vernis d’apparat des salons et beaucoup moins dans l’intimité des alcôves, en mal d’amour.
Le site de Christophe Mirambeau
Le site des Frivolités Parisiennes
Florent Coudeyrat
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