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Mahler sans la nuit

Paris
Maison de la radio et de la musique
11/26/2021 -  
Matthias Pintscher : Neharot
Gustav Mahler : Symphonie n° 7

Orchestre philharmonique de Radio France, Matthias Pintscher (direction)


M. Pintscher


Matthias Pintscher est, après Thomas Adès, le deuxième compositeur invité à diriger le Philhar’, dans ses œuvres et celles des autres. Paris vient ainsi de découvrir Neharot, fruit du confinement, créé à Tokyo cet été. En hébreu, le mot signifie les flots. Mais cela peut aussi renvoyer aux larmes, à la lamentation... ou aux eaux sur lesquelles est bâtie la cathédrale de Chartres. Une partition très connotée, donc, inscrite dans la tradition du tombeau, requiem ou kaddish. Autant dire qu’elle crée des attentes, sans vraiment les combler. Se confirment certes un infaillible artisanat, une brillante maîtrise de l’orchestre. Mais les effets instrumentaux sont connus, la partition semble formellement assez lâche, succession d’atmosphères liquides ou éruptives, lumineuses ou obscures, dont l’opposition constitue la colonne vertébrale de l’œuvre. Baguette sûre, Matthias Pintscher est sans doute le mieux placé pour mettre en valeur les combinaisons de timbres, les contrastes dynamiques qui caractérisent Neharot.


Le compositeur chef d’orchestre – qui a commencé par la baguette avant de prendre la plume – dirige ensuite la Septième Symphonie de Mahler, la moins aimée sans doute et peut-être la plus difficile des neuf. Tournant le dos à tout postromantisme, refusant d’envelopper les sonorités, il jette sur la partition une lumière assez crue, moderniste, à travers une lecture très analytique, qui éclaire la polyphonie et les plans sonores – on sent bien tout ce dont l’Ecole de Vienne fera son miel. Mais le directeur de l’EIC convainc plus encore par le sens de la forme, en particulier dans les mouvements extrêmes, qu’il construit et fait avancer – le Rondo-Finale y gagne une cohérence qu’on ne lui reconnaît pas toujours. L’interprétation, pourtant, nous laisse sur notre faim. Avons-nous entendu un « Chant de la nuit », une vision hallucinée où des fantômes errent dans l’ombre ? Le Scherzo perd la dimension à la fois cauchemardesque et grinçante de son Schattenhaft, les mélodies de timbre de la seconde Nachtmusik manquent de mystère. C’est la Symphonie, rien que la Symphonie, sans les visions et les ténèbres.



Didier van Moere

 

 

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