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Solide mais sans finesse

Vienna
Staatsoper
10/15/2021 -  et 18, 21, 24, 26* octobre 2021
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine, opus 24
Andrè Schuen (Eugène Onéguine), Asmik Grigorian/Elena Guseva* (Tatiana), Anna Goryachova (Olga), Bogdan Volkov (Lenski), Dimitry Ivashchenko (Le prince Grémine), Helene Schneiderman (Madame Larina), Larissa Diadkova (Filipievna), Eduard Wesener (Monsieur Triquet), Dan Paul Dumitrescu (Zaretski, Le capitaine), Thomas Köber (Un paysan)
Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Tomás Hanus (direction),
Dmitri Tcherniakov (mise en scène), Maria Danilova, Elena Zaytseva (costumes), Gleb Filshtinsky (lumières)


En temps normaux, la logistique d’une production d’opéra n’est déjà pas une sinécure – lorsqu’une épidémie mondiale vient s’immiscer, cela se transforme vite en numéro d’équilibriste. Le Staatsoper peut heureusement compter sur le chœur de la maison, dont Dominique Meyer (ancien directeur, auquel a désormais succédé Bogdan Roscic) nous rappelait encore l’incroyable savoir-faire, capable de relever sans broncher à la dernière minute un Chœur philharmonique slovaque immobilisé pour cause de quarantaine. Ajoutons à cela les substitutions à répétitions dans le rôle de Tatiana, finalement assuré par la soprano Elena Guseva lors de ces ultimes représentations.


Celle-ci en offre une incarnation vocale très soignée, posant ses aigus avec souplesse, respirant avec un contrôle absolu et illuminant la scène de la lettre d’une magnifique incandescence de couleur cuivrée. Cela fait regretter un jeu limité par une direction d’acteur qui la contraint à rester debout, bras ballants, supposément anesthésiée par la fulgurance de l’amour. Olga (Anna Goryachova) charme en revanche par un port de reine, une gestique de danseuse, et une tessiture grave très engageante. L’Eugène Onéguine posé par Andrè Schuen est antipathique à souhait, se révélant en un complet fat qui se ridiculise dans le dernier acte; le baryton domine son rôle, chantant avec une assurance et une projection sonore qui lui permet de rivaliser sur scène face à sa partenaire, Elena Guseva. Dimitry Ivashchenko chante en parfaite symbiose avec l’orchestre et impose une noblesse discrète au Comte Grémine. Les personnages secondaires de Larina et Filipievna sont quant à eux entre les mains d’habitués de ces rôles (Helene Schneiderman et Larissa Diadkova), qui leur infusent une grande humanité.


C’est cependant Bogdan Volkov qui remporte le plus grand succès populaire, assurément de façon méritée: son Lenski est à la fois scéniquement (dans une scénographie de bal très enlevée) et musicalement d’une délicatesse, d’une subtilité sans égal durant la soirée. Lorsqu’il chante, on commence à se rendre compte de ce qui fait défaut dans cette production; la musique semble souvent se répéter, avec trop peu de variété pour en assurer la progression dramatique. Tout est extrêmement bien réalisé, mais il ne reste au fond qu’un Bogdan Volkov pour y apporter un surcroît d’imagination capable de faire vivre la partition.


La mise en scène renforce plutôt qu’elle n’améliore cette impression générale: malgré des éléments psychologiques intéressants (une connivence inattendue entre Eugène Onéguine et Olga, de multiples détails dans la figuration), elle reste fréquemment maladroite, n’engageant pas suffisamment le spectateur et regorgeant de divergences entre dialogue et action. Pour finir, la direction musicale de Tomás Hanus est solide, gagnant en agilité et en amplitude au fil de la représentation, sans pour autant briller par son articulation ou son dynamisme.



Dimitri Finker

 

 

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