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A taille humaine

Paris
Salle Cortot
09/21/2021 -  
Frédéric Chopin: Fantaisie en fa mineur, opus 49 – Berceuse en ré bémol majeur, opus 57 – Barcarolle en fa dièse majeur, opus 60
Modeste Moussorgski: Tableaux d’une exposition

Alexander Kobrin (piano)


A. Kobrin (© Stéphane Guy)


Après l’avoir entendu à Gijon en août dernier, on retrouve Alexander Kobrin, salle Cortot à Paris, pour le concert d’inauguration de la saison 2021-2022 de l’association Animato, créée en 1973 avec le soutien, notamment, de l’Ecole normale de musique, pour accompagner de jeunes artistes entre la fin de leurs études et le début de leur carrière. L’artiste ne rentre pas vraiment dans la catégorie des révélations qui sont programmées au cours de la saison mais le directeur artistique de l’association, Marian Rybicki, s’en explique en ouverture de la saison en indiquant que le pianiste russo-américain avait été découvert sur cette même scène alors qu’il n’avait que vingt ans. C’était en quelque sorte une ancienne révélation, démontrant par son parcours la pertinence des choix opérés jadis par l’artiste lui-même et ceux qui croyaient en lui à l’époque, et traçant la voie à imiter. Vingt ans et quatre enfants plus tard, il revient ainsi sur les lieux ayant marqué le début de sa carrière, salle Cortot, le pianiste devant même faire partie du jury du concours Chopin de Paris prévu les 5, 6 et 7 décembre prochains, dans cette même salle, une trentaine de pianistes étant alors attendue.


Comme à Gijon, le programme exécuté ne correspond pas à ce qu’indique le site du pianiste; il ne respecte pas non plus le programme tel que distribué salle Cortot, ce qui est bien décevant car on aurait aimé entendre le pianiste dans autre chose que le répertoire chopinien ou moussorgskien qui semble être sa spécialité du moment, des sonates de Ludwig van Beethoven ayant été annoncées tant à Gijon que pour le concert de ce soir.


Comme sur la côte cantabrique, la première partie est consacrée à Frédéric Chopin (1810-1849). Elle débute par la Fantaisie (1842). Peu de passion mais beaucoup de finesse caractérisent l’interprétation. On regrettera que la lecture analytique du pianiste, sa distanciation comme la clarté du jeu tendent finalement à morceler le discours. On est plus impressionné par la Berceuse (1845), où le jeu de l’interprète permet d’éviter toute mièvrerie. Alexander Kobrin embraye immédiatement sur la Barcarolle (1846) avec beaucoup de hauteur de vue et une distinction peu commune.


La seconde partie est ensuite consacrée au cheval de bataille des pianistes russes, les Tableaux d’une exposition (1874) de Modeste Moussorgski (1839-1881). Les paysages sont enchaînés de façon fluide, le pianiste manifestant une grande maîtrise du clavier comme des pédales. Rien n’est massif ou exagéré. «Il vecchio castello» est plus charmant que mystérieux et on a du mal à résister à un «Ballet des poussins» plein d’esprit. La «Grande Porte de Kiev» reste grandiose, sans être écrasante, à taille humaine et rentrant presque avec naturel dans la petite salle Cortot. Au total, on retient une interprétation d’une grande cohérence, le pianiste ne tombant pas dans les pièges de l’esbroufe et manifestant plus de fantaisie qu’à Gijon.


La salle, comble, obtient deux bis. Ce sera «La Fille aux cheveux de lin», prélude de Claude Debussy, comme aux Asturies, et la première Mazurka de l’Opus 24 de Chopin, l’une des quatre qui figurait initialement sur le programme distribué à Paris. Haute tenue toujours et interprétation exemplaire dans les deux cas.


Prochain concert d’Animato: Antonii Baryshevskyi, premier Grand prix Arthur Rubinstein, le 12 octobre prochain.



Stéphane Guy

 

 

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