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Les affaires reprennent

Liège
Opéra royal de Wallonie
09/16/2021 -  et 19*, 22, 25, 28 septembre, 1er octobre 2021
Giuseppe Verdi: La forza del destino
Marcelo Alvarez (Don Alvaro), María José Siri (Leonora), Simone Piazzola (Don Carlos), Michele Pertusi (Il padre Guardiano), Enrico Marabelli (Fra Melitone), Nino Surguladze (Preziosilla), Maxime Melnik (Trabuco), Alexei Gorbatchev (Il marchese di Calatrava), Angélique Noldus (Curra), Benoit Delvaux (Un chirurgo), Bernard Aty Monga Ngoy (Un alcade)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Renato Palumbo (direction)
Gianni Santucci (mise en scène), Gary Mc Cann (décors), Fernand Ruiz (costumes), Alex Brok (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège)


Cette nouvelle saison porte encore l’empreinte du directeur général et artistique disparu en février dernier. Stefano Mazzonis di Pralafera avait développé une idée de mise en scène pour cette Force du destin (1862), mais il revient à Gianni Santucci de concrétiser ses intentions, pour un résultat fidèle aux principes du défunt, qui fut durant son mandat tellement soucieux de lisibilité. La seule audace, et encore, consiste à transposer cette action notablement compliquée dans le contexte de la Première Guerre mondiale, ce qui se remarque plus nettement dans la seconde partie du spectacle. Pourquoi pas, mais la portée de ce choix demeure limitée, et l’argument aurait pu tout aussi bien se tenir dans le cadre, par exemple, de la guerre franco-prussienne, sans trop de dommages. De toute façon, cette production vaut surtout, sur le plan visuel, pour les nombreux décors, très réalistes, voire impressionnants, comme l’église, riche de détails assez incroyables. Les ateliers se surpassent, une fois de plus, en ce compris pour les costumes.


Psychologie des personnages à peine esquissée, direction d’acteur minimale, jeu d’acteur de pure convention: voici autant de reproches que nous devons à nouveau formuler à l’encontre d’un spectacle à l’Opéra royal de Wallonie, mais l’œuvre n’aide pas, il faut le reconnaître. Cette mise en scène se tient, donc, raconte une histoire et, plus important, réserve au chant une place de premier choix. Les choristes et les figurants, impliqués comme à leur habitude, animent vigoureusement les scènes d’ensemble. A ce propos, lors du «Rataplan», les protagonistes se positionnent comme pour prendre la pose face à un photographe invisible, ce qui produit un effet au comique peut-être involontaire, mais pas inintéressant dans ce passage piégeux. Quoi qu’il en soit, pour vivre des expériences autrement plus fortes ou originales, l’amateur sait de toute façon depuis longtemps où se rendre en Belgique, au risque de connaître quelque déconvenue. Il y a neuf ans, l’Opéra des Flandres tenait au moins un vrai concept.


Mêlant valeurs sûres, piliers habituels et nouveaux venus, l’Opéra royal de Wallonie a réuni une distribution conforme à sa réputation, pas de celles dont chacun se souvient avec émotion des années plus tard, mais de celles qui rendent une production digne d’intérêt, malgré ses faiblesses. La confrontation entre le Don Alvaro de Marcelo Alvarez et le Don Carlo de Simone Piazzola convainc sans difficulté, mais le second combine mieux rigueur stylistique, beauté du timbre et crédibilité théâtrale. S’il séduit surtout par son chant très expressif, le ténor argentin n’affiche pas, en effet, autant de finesse dans le style. L’incarnation tout aussi puissante de María José Siri partage à peu près les mêmes qualités et défauts. Malgré une tessiture adéquate, la voix trahit un vibrato parfois envahissant, le chant accuse une ligne peu variée, pas toujours parfaitement raffinée, mais la soprano se démarque par son envergure vocale et la sincérité de son engagement, en particulier dans le dernier acte, où elle réussit un «Pace, pace, mio Dio» intérieur puis saisissant. La grande leçon de chant verdien, c’est Michele Pertusi qui la dispense: son Padre Guardiano à la noblesse patricienne laisse admiratif par la finesse du phrasé, la beauté du timbre et la subtilité des inflexions. L’adéquation entre les exigences du rôle et les caractéristiques vocales et interprétatives de ce grand chanteur ne laisse aucune place au doute. Enrico Marabelli témoigne également d’un fameux métier en Fra Melitone, plaisamment caractérisé, sans excès de bouffonnerie. Deux autres chanteurs suscitent notre intérêt sur le double plan vocal et théâtral: Nino Surguladze, typée juste ce qu’il faut en Preziosilla et Maxime Melnik, truculent en Trabuco. L’Opéra royal de Wallonie n’a donc pas négligé les petits rôles qui confèrent à cet opéra de grande envergure toute sa variété et son attrait.


Les différents pupitres doivent trouver d’abord leurs marques dans une Ouverture non exempte de cohésion, mais la direction de Renato Palumbo assure ensuite la continuité dramatique et la diversité des climats, à défaut d’obtenir en permanence une sonorité svelte et un volume équilibré. En réalité, nous attendions de l’orchestre plus de tranchant et de nuances, et aussi qu’il évite de trop couvrir les chanteurs. Mais peut-être cherchait-il à se faire aussi bien entendre que ces derniers, décidément généreux en décibels, ce dimanche.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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