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Charge émotive

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Anglet (Théâtre Quintaou)
09/13/2021 -  et 19, 20 (La Rochelle), 22, 23 (Douai), 25 (Maisons-Alfort) novembre, 2 décembre (Niort) 2021, 25, 26 janvier 2022 (Suresnes)
Symfonia Piesni Zalosnych
Kader Attou (chorégraphie), Henryk Górecki (musique)
Françoise Michel (lumières), Nadia Genez (costumes)
Cie Accrorap - CCN de La Rochelle


(© Caroline de Otero)


Chorégraphe venu du cirque et du mouvement hip-hop, dont l’explosion à Lyon dans les années 1980, a donné naissance à une génération d’artistes de réputation internationale, Kader Attou a, depuis son installation en 2008 à la tête du CCN de La Rochelle qu’il va quitter à la fin de cette saison, bien fait évoluer le genre avec un style personnel et signé quelques grandes réussites telles The Roots, Opus 14 et Allegria. En 2010, il crée avec sa compagnie une pièce pour dix danseurs sur une œuvre du compositeur polonais Henryk Górecki (1933-2010) qui le fascinait depuis quelques années, sa Troisième Symphonie pour soprano et orchestre, Symphonie des chants plaintifs (1976).


Curieux destin pour cette œuvre d’un compositeur à la renommée plutôt confidentielle et qui est devenue, après son enregistrement par David Zinman à la tête du London Sinfonietta avec Dawn Upshaw (Nonesuch Records, 1992) élu disque de l’année au Royaume-Uni en 1994, la plus importante vente mondiale de musique contemporaine à ce jour avec plus d’un million de disques vendus et qui assura la renommée mondiale du compositeur polonais. Parmi les nombreuses utilisations qui en furent faites, citons les plus célèbres avec le film Police de Maurice Pialat en 1986, suivi des films The Tree of Life de Terrence Malick (2011), Eichmann: un procès pour l’Histoire (2015) de Paul Andrew Williams et de la bande-annonce du jeu vidéo Call of Duty: WWII (2017), et jusqu’à illustrer le mariage de la princesse Margaret dans la série de Netflix The Crown en 2017. Mais les mérites de cette symphonie créée au Festival international d’art contemporain de Royan en 1977 sous la direction d’Ernest Bour, qui marque un tournant dans l’écriture du compositeur par un retour à la tonalité, ne s’arrêtent pas là. Il s’agit d’une œuvre magnifiquement construite pour un effectif réduit, en trois mouvements. Ses sources d’inspiration littéraires incluent les lamentation des Chants de Lysagora du monastère de la Sainte Croix (XVe siècle), dont le thème central thème est celui de l’amour d’une mère pour son fils, en l’occurrence de Marie pour son fils, une prière, Zdrowas Mario, à la Vierge Marie inscrite par la prisonnière Helena Wanda Blazusiakówna sur le mur de sa cellule dans le siège central de la Gestapo à Zakopane en Pologne, et un chant ayant pour thème le deuil d’une mère pour son fils mort à la guerre.


Kader Attou s’est emparé de cette thématique plaintive pour réaliser une magnifique pièce, de construction très rigoureuse, qui, si elle utilise beaucoup le vocabulaire des danses de rue surtout dans son premier volet, révèle un style personnel, très empreint de la spiritualité de l’œuvre sublimée autant par les éclairages de Françoise Michel que par les costumes de Nadia Genez. Tous les dix danseurs s’approprient remarquablement cette chorégraphie un peu remaniée par rapport à celle de la création, qui réalise l’exploit de porter en force la même charge émotive que son substrat musical et qui devait, dans l’ancienne chapelle Fromentin, gagner en mélancolie douloureuse par rapport à l’ambiance de l’immense salle du Théâtre Quintaou d’Anglet.



Olivier Brunel

 

 

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