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Du côté de Buenos Aires

Oviedo
Claustro de la Universidad
08/19/2021 -  
Felix Mendelssohn: Symphonie pour cordes n° 10 en si mineur
Joseph Haydn: Concerto pour violoncelle n° 1 en do majeur, Hob. VII:B1
Béla Bartók : Six danses populaires roumaines, Sz. 68, BB 76
Astor Piazzolla : Cuatro estaciones portenas (arrangement Leonid Desyatnikov)

Gabriel Urena (violoncelle)
Oviedo Filarmonía, Lina Tur Bonet (violon et direction)


(© Stéphane Guy)


Lina Tur Bonet (née en 1985) dispose indiscutablement d’un sacré tempérament. Sa discographie est déjà bien fournie et principalement centrée sur la période baroque (Biber, Vivaldi, Corelli, Bach, Corelli, Händel...), souvent primée ou louée par la critique, mais cela ne l’empêche pas de faire des incursions réussies dans d’autres répertoires (Beethoven, Bartók) et ses concerts associant parfois à la musique d’autres arts comme la poésie ainsi que son goût pour la direction d’orchestre révèlent son dynamisme, son originalité et sa curiosité. Le concert du jour, sans pause, le confirme.


Qu’on en juge. Le programme débute par une sorte d’amuse-bouche avec les trois mouvements enchaînés de la compendieuse Dixième Symphonie pour cordes (1823) de Felix Mendelssohn (1809-1847), écrite alors que le compositeur avait... quatorze ans. Lina Tur Bonet demeure à sa place de Konzertmeister mais l’ensemble des cordes reste bien géré, l’entrain n’excluant pas une belle cohérence.


Il n’est pas illogique de poursuivre, tant la filiation est évidente, par une œuvre plus consistante, le Premier Concerto pour violoncelle de Joseph Haydn (1732-1809) avec Gabriel Urena, originaire d’Aviles, en soliste. Le violoncelle sait être élégant mais l’interprétation pâtit d’un deuxième mouvement quelque peu pataud, où on frise l’enlisement. On se réveille au troisième, l’interprète sachant faire face à la virtuosité requise et l’orchestre retrouvant quelque esprit. Le violoncelliste s’associe ensuite à une consœur de l’orchestre, Sara Chordá (remarquable), pour offrir au public, hors programme, un charmant duo aux déhanchements typiquement latinos d’un certain José Elizondo (né en 1972), Otono en Buenos Aires. Une vraie découverte, des plus plaisantes.


L’on change naturellement d’univers avec les Danses populaires roumaines (1917) de Béla Bartók (1881-1945), dans sa version pour petit orchestre. L’ensemble n’est pas pris bien rapidement, contrairement aux indications du compositeur, et le côté dansant des pièces se cherche vainement, la dernière ayant même franchement du mal à décoller.


Heureusement, suivent Les Quatre Saisons de Buenos Aires (1965-1970) d’Astor Piazzolla (1921-1992), dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. On comprend l’intérêt que leur porte Lina Tur Bonet, surtout dans l’arrangement de Leonid Desyatnikov qui a renforcé les citations des Quatre Saisons de Vivaldi. La première pièce s’ouvre carrément par une fugue, la deuxième est marquée par des références assez évidentes à Vivaldi, la troisième joue sur les registres extrêmes du violon, certains audaces «baroques» pouvant même faire penser à Biber, et dans la quatrième et dernière, «Invierno», on retrouve clairement Vivaldi mais avec curieusement des thèmes de l’été, les saisons étant inversées dans l’hémisphère Sud. La violoniste prend un plaisir évident à jouer ces pièces, qui ne sont faciles qu’en apparence. Certes les glissandos du côté de l’orchestre comme de la soliste finissent par irriter tant ils sont systématiques et tournent au procédé, l’orchestre n’est pas toujours à la hauteur de la violoniste mais on ne saurait bouder notre plaisir: c’est pétillant et entraînant à souhait et l’engagement de Lina Tur Bonet est sans faille. Les deux cent soixante-quinze personnes de l’auditoire (jauge Covid) qui ont attendu longtemps avant d’entrer dans l’essentiel de la partie centrale du cloître, l’autre étant occupée par les musiciens, applaudissent chaleureusement la performance. Le besoin de concerts, de part et d’autre, est assez évident. Prochain concert de l’orchestre: le 24 août.


Le site de José Elizondo
Le site de Lina Tur Bonet
Le site de la Philharmonie d’Oviedo



Stéphane Guy

 

 

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