About us / Contact

The Classical Music Network

Verbier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Deux pianistes venus de l’Est

Verbier
Eglise
07/19/2021 -  et 20* juillet 2021

19 juillet 2021
Franz Schubert : Sonate pour piano en la majeur, D. 664
Serge Rachmaninov : Etudes-tableaux, opus 33: 3. Grave. Meno mosso – Etudes-tableaux, opus 39: 2. Lento assai
Alexandre Scriabine : Etudes, opus 8: 12. Patetico – Sonate pour piano n° 3, opus 23

Abisal Gergiev (piano)


A. Gergiev (© Lucien Grandjean)


Bien qu’on lui ait épargné soigneusement cette lourde publicité (le renseignement ne figure nulle part et sa recherche relève d’une enquête de fin limier sur Internet), le jeune pianiste russe Abisal Gergiev, 21 ans, est bien un des quatre enfants du célèbre chef ossète du même nom, directeur musical de l’Orchestre du Festival de Verbier. Pur produit du Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg et ayant déjà une renommée de pianiste accompagnateur en Russie, il se produisait pour la première fois à Verbier dans le cadre moins exposé des récitals d’après-midi à l’église avec un programme renforçant la curiosité.


Etait-il vraiment à l’aise en commençant avec la courte Sonate D. 664 de Schubert? La précipitation des tempi, l’absence de respiration entre les phrases, même entre les mouvements, et surtout l’abus de pédale permettent d’en douter. Il ne doit pas être évident de sentir, même discrète, la présence d’un tel père dans la salle...


La partie russe du récital, quoiqu’aussi très noyée de pédale et enchaînant les morceaux sans laisser aux auditeurs la possibilité de décanter ne serait-ce que quelques secondes entre chacun, était d’un niveau supérieur. Bien sûr, comme il se doit pour un pianiste aujourd’hui, russe de surcroît, il n’a fait qu’une bouchée des deux Etudes-Tableaux de Rachmaninov, qui font toujours un grand effet sur le public venu pour être ébloui par la virtuosité. Plus difficile à construire et demandant d’avantage d’effort à écouter, la Troisième Sonate de Scriabine était parfaitement menée par un pianiste totalement maître de son jeu, conduisant avec une belle palette de couleurs l’auditeur au travers des méandres de cette œuvre sinueuse et mystique.


20 juillet 2021
Domenico Scarlatti : Sonates en si mineur, K. 27, et en ré majeur, K. 96
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16
Serge Rachmaninov : Variations sur un thème de Corelli, opus 42

Behzod Abduraimov (piano)

On s’est assez plaint ici des pianistes à la sonorité maigre pour ne pas accabler ceux qui dépassent les normes... On se faisait une joie d’écouter quelques années après ses débuts parisiens dans une série de concerts pour lève-tôt le pianiste ouzbek Behzod Abduraimov dont, à 30 ans, la carrière internationale est bien lancée. Hélas! Ce fut un récital pénible d’un bout à l’autre par un niveau sonore excessif, une énergie incontrôlée transformant chaque morceau en course à l’abîme et une grande désinvolture vis-à-vis du style des compositeurs.


Deux Sonates de Scarlatti jouées avec la violence que l’on met aux Etudes-Tableaux susnommées, des Kreisleriana de Schumann d’une brutalité inouïe, bousculés dans les mouvements vifs et disloqués dans les plus modérés, joués comme si la folie supposée de Schumann devait s’exprimer dans chaque phrase de cette œuvre si romantique. Même traitement réservé aux Variations sur un thème de Corelli de Rachmaninov, au point que l’on pouvait s’étonner, l’orage passé que, pour l’Etude opus 10 n° 3 de Chopin non exempte de mièvrerie et qui portait pour une fois bien son injuste surnom de «Tristesse», l’instrument tienne encore debout. L’esprit de Scarlatti, Schumann et Rachmaninov est resté à la porte de l’église; un récital à bien vite oublier.


On en est sorti convaincu qu’à tout prendre, mieux vaut un récital d’un jeune artiste encore peu expérimenté mais prometteur que celui d’un pianiste qui, ayant paru prometteur et avec des moyens phénoménaux, se permet une prestation d’une telle désinvolture.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com