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Bijoux ciselés

Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/18/2021 -  
Aldemaro Romero : Fuga con Pajarillo
Manuel Ponce : Concierto del Sur
Silvestre Revueltas :La Noche de los Mayas (Suite) (arrangement Paul Hindemith)
Heitor Villa-Lobos : Bachianas brasileiras n° 5

Adriana González (soprano), Thibaut Garcia (guitare)
Orchestre philharmonique de Radio France, Santtu-Matias Rouvali (direction)


A. González (© Marine Cessat Begler)


Réduit à un seul week-end de concerts l’an passé pour cause de pandémie, le Festival Radio France Occitanie Montpellier retrouve son format habituel cet été, en proposant pendant trois semaines plus de cent trente concerts de musique classique et jazz, dans toute la région. Parmi les premiers temps forts, la journée «Fiesta Latina» permet de découvrir le répertoire sud-américain en cinq programmes variés, la plupart donné en plein air au parc départemental du Château d’O à Montpellier. Il revient toutefois au Corum d’accueillir le concert le plus prestigieux, dirigé par Santtu-Matias Rouvali (né en 1985), plusieurs fois entendu ici-même (voir sa dernière prestation, avec l’Orchestre philharmonique de Tampere en 2019). On a là un répertoire inattendu pour ce chef finlandais qui s’est fait connaitre pour ses interprétations ciselées des symphonies de Sibelius, même si l’on pourra noter que son compatriote Esa-Pekka Salonen avait opté pour un tel contrepied en consacrant un disque entier au compositeur mexicain Silvestre Revueltas (1899-1940) en 1999.


Parmi les tubes emblématiques de ce disque figure précisément la Suite tirée du film La Nuit des Mayas et son dernier mouvement aux percussions aussi exotiques qu’endiablées, que le concert a longtemps privilégié dans la version du chef d’orchestre mexicain José Yves Limantour (donnée encore récemment à Strasbourg). En 2014, le disque s’est souvenu qu’une première suite avait été réalisée en 1946 par rien moins que Paul Hindemith, à la demande de la veuve du compositeur. Alors en voyage au Mexique, Hindemith assembla les meilleurs morceaux du film, tous indépendants entre eux, sans faire d’ajouts de sa plume. C’est cette version que l’on découvre avec la baguette féline de Rouvali, qui fouille la partition pour en faire ressortir le moindre détail, en étirant les tempi avec des pupitres bien différenciés. On gagne en modernité ce que l’on perd en spontanéité, tout en appréciant le contraste des parties sereines et élégantes avec les verticalités plus sauvages. La fin abrupte fait évidemment regretter le spectaculaire final de Limantour, même si l’on se console avec le plaisir d’avoir découvert une œuvre plus fidèle à la partition écrite par Revueltas.


Peu avant, le concert avait débuté avec Fuga con Pajarillo (1976) d’Aldemaro Romero (1928-2007), plus connu comme chef fondateur de l’Orchestre philharmonique de Caracas. Cette courte pièce au charme immédiat, à la mélodie aussi entêtante qu’entraînante, est là aussi abordée en un rythme serein par Rouvali, qui privilégie l’expression des couleurs avec de superbes nuances dans les pianissimi. Plus ambitieuse encore apparait l’écriture du Concierto del Sur (1944) pour guitare de Manuel Ponce (1882-1948), son instrument de prédilection. En montrant un langage plus moderne que son contemporain Rodrigo, Ponce reste toutefois séduisant par les effluves orientales disséminées ici et là, notamment dans le passage lent. Le guitariste français Thibaut Garcia (né en 1994) se joue des difficultés techniques avec beaucoup d’aisance, même si son toucher un rien nonchalant par endroit pourra surprendre. En phase avec celle du chef, cette optique privilégie la poétique des phrasés, en une élégance jamais prise en défaut. Manifestement peu timide, le jeune interprète invite l’assistance à le rejoindre sur scène pour La Cumparsita de Gerardo Matos Rodríguez, sans succès, avant de recueillir une ovation méritée à l’issue de sa prestation.


La soirée se conclut avec un «tube», la Bachianas brasileiras n° 5 (1945) de Heitor Villa-Lobos (1887-1959). On se délecte de l’excellence du pupitre des violoncelles du Philhar’, à l’énergie communicative dans les passages verticaux rapidissimes. La soprano guatémaltèque Adriana González, parée d’une superbe robe aux motifs traditionnels revisités avec goût, se joue de ses tempi périlleux avec beaucoup de métier, maîtrisant aussi bien les changements de registre que le velouté de son timbre. Assurément un très beau concert, bien qu’un peu court, à entendre ou à réentendre sur le site de France Musique.



Florent Coudeyrat

 

 

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