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Un Samson d’exception

Orange
Théâtre antique
07/10/2021 -  
Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila, opus 47
Roberto Alagna (Samson), Marie-Nicole Lemieux (Dalila), Nicolas Cavallier (Le Grand-Prêtre de Dagon), Julien Véronèse (Abimélech), Christophe Berry (Un messager philistin), Nicolas Courjal (Un vieillard hébreu), Marc Larcher (Premier Philistin), Frédéric Caton (Second Philistin)
Chœurs des Opéras Grand Avignon et de Monte-Carlo, Stefano Visconti (coordination chorale), Orchestre philharmonique de Radio France, Yves Abel (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Vanessa d’Ayral de Sérignac, Olga Paliakova (assistantes à la mise en scène), Agostino Arrivabene (costumes), Françoise Raybaud (assistante aux costumes), Laurent Castaingt (lumières), Eugénie Andrin (chorégraphie), Etienne Guiol, Arnaud Pottier (vidéo)


M.-N. Lemieux, R. Alagna (© Philippe Gromelle)


Bonheur. C’est le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on pénètre dans le Théâtre antique d’Orange. Bonheur d’assister à une représentation d’opéra dans un cadre majestueux après l’annulation de l’édition 2020 des Chorégies. Fidèle à sa politique de vouloir proposer aux mélomanes des titres rares pour une seule représentation, Jean-Louis Grinda, le directeur de la manifestation, a décidé de reprendre Samson et Dalila, qu’il avait programmé l’année dernière. Le titre est de circonstance puisque nous fêtons cette année le centième anniversaire de la mort de Camille Saint-Saëns. On ajoutera que l’ouvrage a été donné pour la dernière fois à Orange en 1978, avec Plácido Domingo et Elena Obraztsova dans les rôles principaux.


Le spectacle de cette édition 2021 est illuminé par le somptueux Samson de Roberto Alagna, qui séduit sur toute la ligne: diction irréprochable, projection insolente, aigus claironnants, accents véhéments, le ténor campe un Samson fougueux et incandescent, au meilleur de sa forme. Tout au plus pourrait-on lui reprocher une incarnation un peu trop monolithique du personnage, lequel se livre rarement à l’introspection. Malheureusement, la Dalila de Marie-Nicole Lemieux est une déception. Si l'interprète offre un chant raffiné et délicat, aux nuances splendides et dont on saisit distinctement chaque mot, la voix manque d’ampleur pour faire jeu égal avec son partenaire, et surtout de couleurs pour incarner toute la sensualité et l’autorité du personnage, sans parler de notes malencontreusement ratées dans l’air le plus célèbre de l’opéra (« Mon cœur s’ouvre à ta voix »). Cette Dalila est une chatte et non une tigresse. Le Grand-Prêtre de Nicolas Cavallier séduit par sa prestance et sa vaillance, sans réussir toutefois à faire oublier les grands titulaires du rôle. Parmi les personnages secondaires, il convient de citer en premier lieu le magnifique Vieillard de Nicolas Courjal. Si les Philistins incarnés respectivement par Christophe Berry, Marc Larcher et Frédéric Caton méritent tous des éloges, on ne peut en dire autant de l’Abimélech de Julien Véronèse, aux graves pratiquement inexistants.


Le second triomphateur absolu de la soirée est l’Orchestre philharmonique de Radio France, placé sous la direction d’Yves Abel. La partition est admirablement mise en valeur dans toute sa diversité et ses moindres détails, les tempi plutôt lents adoptés se prêtant idéalement aux passages sensuels. Les musiciens sont confondants d’homogénéité et de précision, alors que le chef ne relâche à aucun moment la tension dramatique. On saluera également les prestations des solistes, notamment de la flûte, du hautbois et des percussions. Coordonnés par Stefano Visconti, les chœurs ne sont pas en reste. Plutôt qu’une mise en scène à proprement parler, Jean-Louis Grinda a assuré une mise en place extrêmement fluide et efficace des choristes et des chanteurs, exploitant habilement le cadre du Théâtre antique. Tout au long du spectacle, des vidéos sont projetées sur le mur et la scène finale, qui voit la destruction du temple, est particulièrement impressionnante. A n’en pas douter, la soirée restera dans les mémoires grâce à la splendide prestation de Roberto Alagna. Tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister pourront s’en rendre compte le 16 juillet, en regardant le spectacle sur France 5.



Claudio Poloni

 

 

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